Alors que le taux de chômage atteint le niveau record de 11% en Union européenne, la population qui peine le plus à s’insérer sur le marché du travail est celle des jeunes de moins de 25 ans, dont le taux de chômage est de 23,4%[1].

Au Royaume-Uni (UK), un nouveau rapport de la fondation Prince’s Trust, qui œuvre à l’insertion des jeunes, met en évidence que ceux-ci sont plus enclins que jamais au travail indépendant et à la création d’entreprise pour trouver leur place[2].

Les jeunes britanniques de plus en plus attirés par la création d’entreprise

Selon le rapport, aujourd’hui, 5% des jeunes de moins de 30 ans ont un travail indépendant, tandis que 25% de cette classe d’âge s’imaginent travailler à leur propre compte à un horizon de 5 ans. Et 23% pensent qu’ils pourraient lancer une activité depuis leur domicile au cours des 6 prochains mois.

Cet enthousiasme pour la création d’entreprise est non seulement encouragé par l’économie numérique — qui fait émerger un nouveau modèle d’entrepreneur, incarné par un Mark Zuckerberg ou un Nick d’Aloisio — mais aussi poussé par un changement profond du fonctionnement du marché du travail.

La mutation du marché du travail fait émerger le travail en freelance chez les cadres

Au Royaume-Uni comme ailleurs en Europe, les carrières sont de moins en moins linéaires : 69% des moins de 30 ans interrogés ont déjà changé d’emploi au moins une fois après la fin de leurs études et seuls 9% s’imaginent travailler encore pour le même employeur dans 10 ans. Et 11% pensent qu’en parallèle de leur emploi principal, ils travailleront en freelance, à un horizon de 5 ans.

Selon l’office de statistique britannique (ONS), 1,56 millions de travailleurs exercent déjà en freelance au Royaume-Uni, soit environ 5% de l’ensemble des actifs si l’on ne compte que les freelancers de niveau cadre ou exerçant dans des secteurs spécialisés (santé, culture, médias et sport)[3]. Ce chiffre, en croissance continue, a progressé 12% de 2008 à 2011, en pleine crise économique qui a probablement joué un rôle d’accélérateur.

Le freelancing est devenu une passerelle vers l’emploi ou la création d’entreprise avec salariés

Le freelancing est marqué par un important turnover : 30% de ceux qui étaient freelancers en juin 2011 ne l’étaient pas un an auparavant et 12,5% de ceux qui l’étaient en 2010 ne l’étaient plus en 2011[4]. C’est ainsi un dispositif intermédiaire, chemin vers l’emploi ou vers la création d’une entreprise avec des salariés.

Umbrella company : le portage salarial à l’anglaise

L’ONS inclut dans ces chiffres les « contractors », qui facturent leurs prestations par l’intermédiaire d’une umbrella company, équivalent britannique des entreprises de portage salarial en France. Cette forme d’emploi y est plus développée, regroupant plus de 200 000 salariés de niveau consultant, contre 30 000 en France.


[1] Eurostat, mai 2013

[2] Rapport The start-up generation, Why the UK could be set for a youth business boom », par Prince’s Trust et Royal Bank of Scotland Group, juillet 2013. Fondé sur une étude menée auprès de 1 627 jeunes de moins de 16 à 30 ans d’avril à mai 2013.

[3] Chiffres de la « Labour Force Survey » de l’office de statistique britannique (ONS, 2011), cités par l’étude Exploring the UK Freelance Workforce, par le Small Business Research Centre, Kingston University de Londres, juillet 2012

[4] Ibid