D’après une toute récente enquête1, pour près d’un DRH français sur deux, si les salariés ne parviennent pas à réaliser l’intégralité de leurs tâches journalières, c’est principalement en raison de l’insuffisance d’effectifs. Pour plus de deux tiers d’entre eux, la productivité quotidienne serait négativement affectée par ce qu’on appelle parfois de façon barbare le sous-staffing (sous-effectif) à hauteur de 1 à 20%.
Les TPE et PME particulièrement affectées par le sous-effectif
Une autre enquête sur « les TPE et les PME face à l’emploi2 » fait apparaître le caractère chronique de ce problème de sous-effectif pour un tiers des TPE et PME3. En cause notamment le « coût du travail suivi par l’absence de visibilité, et le caractère saisonnier de leur activité ».
Les retombées positives pour l’emploi de l’augmentation mécanique du SMIC au 1er janvier 2014 – qui est passé de 9,43 € à 9,53 € – paraît en outre incertaines : si les hausses de salaire minimal ne semblent pas avoir de conséquence négative sur l’emploi britannique ou américain4, en France, d’aucuns considèrent a contrario qu’une hausse de 1% du SMIC entraînerait la destruction de 25 000 emplois environ5. C’est sans doute pour cette raison que le gouvernement s’est refusé à un quelconque « coup de pouce » du SMIC cette année.
L’épineuse question du coût du travail
Conscient du frein que peut constituer le coût du travail pour l’embauche de nouveaux salariés et la reprise de notre économie, le président de la République s’est engagé à réduire de 50 milliards d’euros la dépense publique d’ici 2017, précisément pour en financer la baisse. Mais à l’occasion de sa très attendue publication annuelle6, la Cour des comptes juge qu’atteindre cet objectif sera très délicat car elle anticipe pour 2014 des recettes fiscales inférieures de 3 à 6 milliards d’euros aux prévisions de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault.
Les scénarios de réforme du Haut Conseil du financement de la protection sociale que le Gouvernement lui a demandés seront dans ce contexte particulièrement attendus, puisqu’il s’agit d’identifier les possibilités de financement des baisses de charges patronales autres que les impôts sur les ménages. Les quatre suggestions qui ressortent des documents transmis aux partenaires sociaux ne semblent pas avoir la faveur du gouvernement, lequel exclut de fait les mesures ciblant une compensation par la hausse de prélèvements (taxes environnementales, CSG, TVA etc.). De nouvelles suggestions doivent donc voir le jour, vraisemblablement pour début mars.
Le portage salarial, ou l’opportunité de se concentrer sur ses coûts fixes
On le sait, le coût du travail comprend notamment l’obligation de paiement d’un salaire mensuel minimum, de taxes sur les salaires, de charges sociales, de congés payés, ou encore d’indemnités de rupture. Tout autant de dépenses que le portage salarial permet précisément d’éviter pour les entreprises clientes : il offre en effet un moyen de centrer ses coûts fixes sur son activité core business tout en gardant une forte réactivité pour répondre à des besoins occasionnels et, le cas échéant, de diversification.
C’est donc bien d’une approche gagnant-gagnant dont il s’agit : entreprises, économisez, oui, mais pas au détriment de votre productivité ; jeunes diplômés, experts, consultants, entreprenez en toute autonomie, oui, mais sans renoncer aux avantages du salariat !
(1) Enquête menée pour le compte de la société de recrutement temporaire Robert Half par un institut de sondage indépendant en décembre 2013 auprès de 200 Directeurs/Responsables des Ressources Humaines d’entreprises en France.
(2) Enquête Meteojob et Companeao « menée entre les 6 et 10 décembre 2013 auprès d’un panel d’utilisateurs de Companeo composé de 772 chefs d’entreprises de TPE ou PME, commerçants artisans et professions libérales dont la répartition sectorielle, géographique est représentative de la répartition de l’ensemble des entreprises sur le territoire national ». Voir détails.
(3) Les TPE et PME forment 99% des entreprises françaises et emploient 47% des effectifs nationaux
(4) Citant Francis Kramarz, directeur du Centre de recherche en économie et en statistique (Crest). Lire l’article sur Le Monde.
(5) Citant également Francis Kramarz qui fixe en réalité une fourchette allant de 15 000 à 25 000 emplois détruits. Voir également l’étude d’Éric Heyeret Mathieu Plane pour qui l’estimation est de 14 500 emplois détruits.
(6) Rapport public annuel 2014 de la cour des comptes