Le dernier trimestre 2013 a enregistré un solde positif de création d’emplois qu’il convient majoritairement d’imputer à l’emploi intérimaire. Cette forme de relation de travail a connu un véritable renouvellement à travers la consécration par l’ANI de juin 2013 d’un « CDI intérimaire ». Il atteste plus globalement d’une évolution des comportements et d’un élargissement des possibilités de combattre le chômage autrement que par le statut de salarié permanent – qui reste toutefois primus inter pares. Ce récent encadrement est en outre l’expression d’un mouvement législatif de sécurisation de l’emploi dont le portage salarial fournit par ailleurs une remarquable illustration.
Bonne nouvelle avec les estimations publiées mercredi dernier par l’INSEE1 : 2013 a vu la création de 15 100 emplois dans le secteur marchand non agricole, un chiffre supérieur au nombre de destruction d’emplois sur la même période. Il s’agit d’une première « depuis le premier trimestre 20122 », et d’une information de nature à donner une certaine cohérence aux chiffres du chômage publiés par le BIT pour cette même période3, et qui faisaient état d’une diminution de 0,1 point.
Pour autant, ce solde positif de création d’emplois s’explique, sinon exclusivement, en tout cas principalement par l’intérim, avec 24 100 postes nouveaux dans ce secteur, soit +4,6% (INSEE), relativisant la baisse de 0,3% enregistrée au mois de janvier 2014.
L’évolution des comportements
Considéré comme un indicateur avancé de l’emploi en général4, l’emploi intérimaire concerne quelque 608 000 personnes. Il intervient le plus souvent en début de carrière et à la suite d’une période de chômage5. Une enquête6 fait en outre état des tendances suivantes :
- 78% environ des intérimaires y voient « une solution efficace de transition vers le marché de l’emploi ». 28% d’entre eux ne trouvaient par exemple ni CDI ni CDD ;
- 16% des intérimaires ont choisi l’intérim pour « la souplesse du rythme de travail ».
En disposant d’un contrat de travail sans être attaché à un employeur ou à des missions uniques, il s’agit notamment pour eux de rester maîtres de leurs carrières, ce qui dénote d’une évolution des comportements dont l’ANI de janvier 20137 prend acte en ouvrant la voie à une meilleure sécurisation de tels parcours.
Plus globalement, on voit à travers cet exemple que si le plein emploi peut relever de la fiction, pour lutter contre le chômage, tous les statuts qui participent à l’activité des travailleurs concourent à cette lutte.
Le travail porté, une solution entrepreneuriale distincte de l’emploi intérimaire
Certes, le portage salarial et interim ont de commun ce que l’on retrouve trois acteurs différents et deux relations contractuelles distinctes. Ces convergences conduisent bien souvent à confondre ces deux formes de relation de travail, qui sont pourtant rigoureusement différentes. Le portage salarial se distingue en effet très nettement de l’emploi intérimaire; et cela à plusieurs titres :
par l’articulation de ces mêmes relations :
- Le consultant n’est pas lié par un lien de subordination face à l’entreprise cliente. Le contrat étant un contrat de prestation de services, le consultant est libre d’organiser son emploi du temps comme il l’entend sans qu’il n’y ait de contraintes fixes de temps ou de lieu ;
- Le consultant est entièrement responsable des missions qu’il veut engager, c’est donc lui qui décide pour qui il souhaite travailler. Il négocie librement ses honoraires avec l’entreprise cliente sans que n’intervienne la société de portage.
par le fait qu’il répond à un tout autre besoin :
Celui pour les cadres se retrouvant au chômage de trouver des missions conciliant autonomie et sécurité juridique du statut de salarié
par la rémunération :
L’intérim propose une rémunération basée sur la grille salariale de l’entreprise cliente, l’intérimaire est donc totalement dépendant des négociations établies entre la société d’intérim et l’entreprise cliente. Dans le cadre du portage salarial, c’est la société de portage qui est dépendante des négociations établies par le consultant, sa rémunération se faisant en fonction du chiffre d’affaires de ce dernier (généralement autour de 12%).
Il reste que la lutte contre le chômage peut désormais s’autoriser de relations de travail, nouvellement sécurisées : l’intérim pour les besoins ponctuels de main d’œuvre, le portage salarial pour le besoin d’expertises qualifiées, avec pour ce dernier un potentiel estimé à 200 000 emplois !