Si la notion de « burn-out » où l’épuisement professionnel dû à la suractivité est aujourd’hui connue de tous, on connait beaucoup moins le « bore-out », la notion inverse : l’épuisement professionnel provoqué par … l’ennui. Cela pourrait prêter à sourire mais cet ennui profond au travail peut engendrer des souffrances et conduire le salarié à une grave dépression.
L’ennui au travail : un phénomène mal évalué
Quand il est subi et structurel l’ennui au travail peut se muer en une véritable souffrance et peut provoquer des pathologies mentales et physiques que l’on a souvent du mal à imaginer. En 2010, dans un article intitulé « Bored to death » et publié dans l’International Journal of Epidemiology d’Oxford, il était révélé que les sujets qui s’ennuyant au travail ont presque trois fois plus de chance que les autres de contracter des maladies cardiovasculaires.
La douleur est si particulière que l’on ne dispose que peu de chiffres précis sur ce mal, la seule étude sur le sujet est daté de 2008 et repose sur une enquête européenne sur 11238 personnes venant de 7 pays européens. Le verdict est sans appel: 32 % des salariés européens occupent un emploi où ils n’ont rien à faire. A la clef, un ennui profond, une remise en question de ses capacités et parfois une dépression grave.
Maladie d’une société sans travail ?
L’ennui au travail est un sujet d’autant plus tabou en ces temps d’explosion des chiffres du chômage qui touche aujourd’hui plus de 10,4% de la population active.
Le livre de Peter Werder et Philippe Rothlin « Diagnosis Boreout » paru en 2007 analyse ce syndrome occidental qui consiste à ne plus avoir assez de travail pour occuper les salariés, même les plus talentueux.
C’est alors qu’apparaît un sentiment de frustration lorsque l’individu est dans l’incapacité de contribuer au développement de l’organisation, d’utiliser ses connaissances et ses compétences, ou de voir ses efforts reconnus.
Comme à chaque fois quand il s’agit de préserver son estime de soi ou son image, la personne va développer des stratégies pour donner une apparence de stress ou d’activité, ou pour masquer l’évitement de tout travail ennuyeux supplémentaire. Stratégies qui finiront par l’user.
L’issue au « bore-out » : le dialogue !
Une seule solution semble efficace pour mettre un terme au cercle vicieux du bore-out : le dialogue ! Taire le mal-être est certainement la pire des solutions.
Il est effet toujours profitable d’avoir une conversation franche avec son patron pour envisager avec lui des pistes de solution. Cette discussion sera non seulement l’occasion de lui faire part ce mal-être mais surtout d’exprimer la volonté de s’en sortir. Le salarié pourra par exemple l’interroger si de nouveaux projets ou initiatives doivent être pris et le cas échéant demander pour y prendre part.
Voilà peut-être la meilleure manière de s’attribuer un nouveau rôle ou une nouvelle mission au sein de son entreprise.
Le portage salarial en offrant une plus grande indépendance et en permettant aux travailleurs d’effectuer des missions variées et dans une posture tournée sur l’efficacité pourrait être une alternative permettant d’éviter certains maux de la société du « tout-salarial ».