Les analyses de Patrick Artus (« Croissance zéro, comment éviter le chaos ? » Fayard 2015), économiste français, directeur de la recherche et des études de Natixis ont permis de révéler que la productivité globale des facteurs économiques connaît une stagnation depuis plusieurs années.
Des tensions manifestes existent bel et bien : elles reposent sur des données évaluées objectivement comme celles qui se développent entre les actifs et les retraités. La génération Y a le sentiment d’être sacrifiée.
Dans son article intitulé « Pourquoi la stagnation pourrait bien être la nouvelle normalité ?» (Financial Times, 16 décembre 2014), Larry Summers écrit qu’il s’agit d’une stagnation qui s’installe dans la durée : « Nous sommes devenus une économie dont l’état normal est la dépression légère ; nous n’en sortons, pour de brèves périodes de postérité, que par la grâce de bulles spéculatives ou d’un endettement intenable ».
La grande stagnation trouvant potentiellement sa source dans l’écrasement des ressources de la classe moyenne à l’étude
Tyler Cowen, né le 21 janvier 1962, économiste, professeur d’université et écrivain américain a, dans son ouvrage intitulé « Average is over : Powering America beyond the age of the great stagnation » (2013), développé une théorie selon laquelle l’écrasement des ressources de la classe moyenne est l’une des causes majeures de la grande stagnation. Tyler Cowen présage une société divisée en deux, dans laquelle figureraient à la fois une petite communauté à haut niveau d’instruction maîtrisant les systèmes collaboratifs et automatisés devenant un type d’aristocratie et une grande majorité qui aura des revenus faibles ou sera dépourvue de revenus.
Les conditions d’emploi des classes moyennes postérieurement à la révolution numérique ont été analysées par Roland Berger dans une étude très sérieuse intitulée « Les classes moyennes face à la transformation digitale ». On y apprend que 42 % des métiers sur le marché de l’emploi français présenteraient une probabilité d’automatisation importante en raison de la numérisation de l’économie, trois millions d’emplois en France pourraient être détruits par la numérisation de l’économie d’ici 2025, notamment de nombreux emplois et services.
Un processus d’automatisation affectant le capital humain de métiers tant manuels qu’intellectuels
L’automatisation correspond à l’exécution totale ou partielle de tâches techniques par des machines fonctionnant sans intervention humaine. Cette automatisation qui pèse lourdement les métiers manuels n’est plus singulière à ceux-ci. Les services et professions intellectuelles sont également sujets à l’automatisation. En réalité, toute activité qui se répète pour intellectuelle qu’elle soit est susceptible d’être visée par l’automatisation. Cela concerne plus précisément les professions libérales, juridiques voire médicales. Des métiers sont détruits par l’automatisation, d’autres se créent aussi mais à des endroits différents et pas avec les mêmes qualifications.
En parallèle, ce processus accroît les effets de la métropolisation et de la polarisation territoriale : la dématérialisation amoindrit les besoins de proximité et accélère la concentration autour des métropoles. Les emplois tertiaires qui constituaient le terreau d’emplois pour les classes moyennes perdent en importance.
En complément, nous vous invitons à lire notre article sur la polarisation territoriale, qui revient notamment sur ses conséquences pour le marché du travail français : La polarisation territoriale en forte progression non dépourvue d’effets néfastes