Selon un rapport annuel présenté le 23 mars 2017 par le Défenseur des Droits et l’Organisation internationale du Travail (OIT), 34 % de la population active dit avoir été victime de discrimination.
Cette 10ème édition, réalisée par Jacques Toubon et Cyril Cosme, directeur du bureau de l’OIT, concerne la perception des discriminations au travail.
Le lieu de travail, premier vecteur de discrimination
Le lieu de travail est le premier vecteur de discrimination dans la société, loin devant les relations de voisinage (8%), l’école ou l’université (8%), les relations avec l’administration (7%), les lieux de loisirs (6%), les contrôles de police (6%), ou encore la recherche d’un logement (5%).
Selon 29% des sondés, les discriminations au cours de la carrière professionnelle demeurent les plus importantes, alors que 18,5% des personnes interrogées disent avoir été discriminées dans leur recherche d’emploi.
L’âge et le sexe apparaissent comme les deux premiers « motifs des expériences de discrimination au travail ».
S’il reste néanmoins difficile d’établir avec certitude le motif principal de discrimination dans l’emploi ainsi que le profil type du discriminé, certains groupes sont spécifiquement visés. C’est le cas des femmes : 41% d’entre elles évoquent une discrimination, contre 28% des hommes. Un des critères les plus discriminant reste le « halo de la maternité« . Plus d’une femme sur deux en âge d’avoir un enfant (entre 18 et 34 ans) témoigne d’une expérience de discrimination dans le milieu professionnel.
Les chômeurs sont aussi victimes de sur-stigmatisation. Sur l’ensemble de la population active, les personnes au chômage sont plus nombreuses à avoir été discriminées : 53%, devant les salariés à la fois du public et du privé. Pour autant, cet écart peut également s’expliquer par le sentiment d’injustice ressenti par le demandeur d’emploi, rendant plus difficile le recrutement.
Discrimination au travail : vers une prise de conscience ?
Par ailleurs, il est à noter que, hors du cercle des personnes ayant elles-mêmes expérimenté la discrimination, cette dixième édition marque aussi le début d’une prise de conscience générale.
Près d’une personne sur deux considère en effet qu’il existe des discriminations dans le monde du travail, sans forcément en avoir directement subi.
A titre de rappel, l’article 225-1 du Code pénal dispose qu’une discrimination, qui consiste à entraver l’exercice normal d’une activité économique quelconque, à refuser d’embaucher, à sanctionner ou à licencier une personne est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
A en juger par cette enquête, le slogan de la campagne de sensibilisation aux discriminations à l’embauche «#LesCompetencesDabord», porté par le gouvernement en avril 2016, ne semble pas avoir été très pertinent.