Le portage salarial permet à de nombreuses personnes d’obtenir des revenus supplémentaires ou de créer leur activité. Pourtant, certaines barrières juridiques empêchent encore cette solution d’être accessible au plus grand nombre.
Le portage salarial, un statut avantageux qui attire de plus en plus de professionnels
Le portage salarial permet d’être indépendant dans son travail tout en bénéficiant de la protection sociale du salariat. Le contrat est signé entre la société de portage salarial et le consultant. C’est alors la société de portage qui gère toute la partie administrative à la place du consultant, comme cela se ferait dans une entreprise classique. Elle se charge ainsi de facturer les interventions, d’encaisser les honoraires versés par les clients puis de calculer et de déclarer les charges sociales. Des tâches qui demandent généralement du temps et de l’énergie et dont le salarié porté n’aura plus à s’acquitter afin de pouvoir se concentrer sur son cœur de métier.
En contrepartie de ce service, le consultant paye une commission à la société de portage. Il doit également se charger de chercher ses clients et ses périodes sans prestation ne sont pas rémunérées, à moins d’avoir réalisé un chiffre d’affaires important les mois précédents et que le consultant ait choisir de lissé son salaire.
Avec un chiffre d’affaires estimé à plus d’un milliard d’euros (source PEPS), le marché du portage salarial se porte très bien et a enregistré en 2018 une croissance en forte hausse (+18% par rapport entre 2017 et 2018). En France, 281 entreprises (SIREN) sont spécialisées dans le portage salarial et représentent plusieurs dizaines de milliers de salariés portés sur tout le territoire (70 000 salariés en 2017). En 2014, on comptait seulement 40 000 salariés portés, preuve du succès de ce statut qui a été créé il y a une trentaine d’années.
Parmi les raisons de ce succès, on retrouve notamment un fort besoin d’autonomie de la part des Français et un contexte économique favorable grâce au développement rapide du numérique. Le portage salarial ne se limite plus aux cadres seniors qui se lancent dans le conseil mais touche aussi les personnes qui veulent créer leur entreprise. Ce statut concerne de nombreux métiers du portage salarial comme les départements du Marketing, des ressources humaines; globalement du conseil, de la gestion de projet ou tout autre service aux entreprises.
Des freins à lever pour rendre ce statut accessible au plus grand nombre
Parmi les principales difficultés à surmonter pour que le portage salarial continue de se développer, on retrouve le fait que le statut est encore peu connu des Français : 16 % seulement des personnes interrogées connaissent le portage salarial, selon un sondage Ipsos.
Les autres contraintes sont d’ordre juridique. En effet, la loi prévoit une rémunération minimale pour le salarié porté et il est théoriquement impossible d’accéder au dispositif en-dessous d’un certain seuil. Le seuil minimum fixé par la loi est ainsi de :
- 70 % du plafond de la Sécurité sociale pour un salarié porté junior, soit environ 2 288 € brut en 2017
- 75 % du plafond de la Sécurité sociale pour un salarié porté senior, soit environ 2 452 € brut, en 2017
- 85% du plafond de la Sécurité sociale pour un salarié porté en forfait-jour, soit environ 2 779 € brut
De plus, il faut disposer d’un bac + 2 minimum ou de trois ans d’expérience professionnelle dans un secteur d’activité ou un métier pour pouvoir se lancer. Un cadre restrictif, notamment pour les professionnels en reconversion qui souhaitent changer de métier mais ne peuvent, dans un premier temps, pas espérer toucher un tel niveau de revenu. De fait, ces contraintes excluent potentiellement plus de 50% de la population active et le portage salarial se concentre majoritairement en Île-de-France avec 40 % du chiffre d’affaires du secteur.
Enfin, la dernière contrainte est la clientèle des salariés portés qui se limite uniquement aux professionnels (sociétés publiques ou privées, associations…), ce qui exclut donc les indépendants qui travaillent avec des particuliers.
Quelles sont les propositions pour ouvrir davantage le portage salarial ?
Parmi les principales propositions pour favoriser le développement du portage salarial, on retrouve le fait de donner la possibilité aux salariés portés de travailler avec une clientèle de particuliers et ainsi ouvrir l’accès au portage à davantage de professionnels.
Ensuite, l’idéal serait de baisser le seuil de salaire à 50% du plafond de la sécurité sociale pour atteindre près de 273 000 emplois dans le portage salarial en 2024, contre 157 000 s’il n’y a pas d’évolution juridique. Pour aller plus loin, la suppression d’un seuil minimum permettrait d’atteindre 461 000 emplois en 2024 et 1,2 million en 2030.
Le portage salarial pourrait ainsi s’ouvrir aux plus jeunes et aux personnes en recherche d’emploi qui souhaitent lancer leur activité et ainsi aider dans la lutte contre le chômage.