La pandémie de Covid-19 et les diverses restrictions ont eu des répercussions lourdes sur la santé psychique des Français, aggravant un problème qui existait depuis des années. Le gouvernement a ainsi mis en place un plan pour la santé mentale présenté par le président de la République. Celui-ci prévoit notamment le remboursement de huit consultations d’un psychologue à partir de 2022.
Forfait de remboursement des séances sur prescription médicale
À l’occasion des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, le chef de l’État a annoncé la prise en charge par l’Assurance Maladie des séances de psychologie ayant fait l’objet d’une prescription médicale.
La mesure, tout juste votée par l’Assemblée nationale, et qui prendra effet en 2022, concernera tous les Français dès l’âge de 3 ans chez qui la crise sanitaire a entraîné ou aggravé les troubles du sommeil, le stress et les pensées suicidaires.
La question financière représente en effet un obstacle de taille au suivi par un professionnel libéral. À compter de 2022, les personnes souffrant d’anxiété d’intensité légère à modérée ou de troubles dépressifs auront droit à un forfait à hauteur de 40 euros pour la première séance consacrée au bilan puis de 30 euros pour les consultations suivantes, sans dépassement d’honoraires. Si le médecin le recommande, le renouvellement du forfait sera autorisé. Toutes les personnes affiliées à la Sécu y auront droit.
Sont donc inclus les indépendants qui exercent en portage salarial et ont ainsi droit à la protection sociale des salariés comme la prévoyance, complémentaire santé, indemnités chômage, cotisation retraite…
Le déploiement à large échelle du dispositif est la conclusion d’une expérimentation menée dans les départements des Bouches-du-Rhône, de la Haute-Garonne, des Landes et du Morbihan. Depuis 2018, leurs habitants ont droit à un remboursement à 100 % des thérapies assurées par un psychologue ou un psychothérapeute agréé après sélection des volontaires.
Pour son financement, le gouvernement a prévu un budget de 50 millions d’euros inscrits dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, et la ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, Brigitte Bourguignon, s’est engagée à une
répartition la plus équitable possible à travers le territoire.
Brigitte Bourguignon
Des mesures additionnelles pour un accès simplifié à la prise en charge psychologique
La Cour des comptes appuie cette initiative, cette autorité ayant recommandé la généralisation du dispositif dans un rapport datant de février dernier, suivant l’exemple d’autres pays européens comme l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne ou la Suède. Elle avait alors estimé son coût à 85 millions d’euros. Pour les magistrats,
il est plus pertinent de proposer des solutions thérapeutiques à l’efficacité reconnue à moindre prix afin d’éviter le recours abusif à des soins spécialisés aux résultats incertains et plus onéreux.
Brigitte Bourguignon
La Cour vise notamment les arrêts de travail à répétition et la prescription de psychotropes.
Le plan prévoit également une enveloppe de 80 millions d’euros consacrée à la recherche dans le domaine de la santé mentale au titre du PIA4 (quatrième programme d’investissements d’avenir). Emmanuel Macron a en outre annoncé la création d’une maison d’adolescents dans chaque département afin d’accueillir et soigner ces publics spécifiques. Cette disposition s’inscrit dans un objectif plus large de sensibilisation de la population sur les problématiques de santé mentale et de psychiatrie.
Enfin, le président souhaite réduire les délais d’attente, qui entraîne une dégradation de l’état de santé des patients. En effet, dans les zones en tension, ces derniers patientent parfois plus de 18 mois pour un rendez-vous. Dès 2022, huit cents postes seront créés dans les centres médico-psychologiques (CMP) et d’ici à 2023, 60 000 secouristes suivront une formation aux premiers secours sur la santé mentale, contre 10 000 à l’heure actuelle.