Pour la première fois depuis 2011, la Banque centrale européenne (BCE) a augmenté son taux directeur de 50 points de base (0,50 %), soit deux fois plus que prévu. D’autres hausses sont possibles d’ici la fin de l’année. Ce changement pénalise les emprunteurs, qui vont avoir des difficultés à trouver un financement. Les épargnants, en revanche, devraient tirer profit de la situation.
Un accès au crédit plus complexe
La situation économique dans laquelle se trouve la zone euro est complexe en raison d’une forte inflation, de la guerre en Ukraine et de ses conséquences sur l’approvisionnement en gaz des pays européens.
Pour redresser la barre, la BCE a relevé pour la première fois en 11 ans son principal taux d’intérêt de 0,5 %, quand les experts misaient sur 0,25 % au maximum.
La situation va impacter en premier lieu le marché de l’immobilier. L’activité a déjà fortement ralenti à cause de la flambée des coûts de construction et du resserrement des conditions d’obtention de crédit, suivant les recommandations du HCSF : plafonnement du taux d’endettement à 35 % et limitation du terme à 27 ans. En anticipation du durcissement de la politique monétaire de l’institution, les banques ont déjà revu leurs propres taux à la hausse ces derniers mois.
D’après les courtiers,
Les moyennes des taux, qui étaient descendues à près de 1 %, avoisinent actuellement 1,90 % sur 20 ans et pourraient grimper jusqu’à 2,25 % à la rentrée, voire davantage si la BCE applique de nouvelles hausses à l’automne.
Or, ces taux sont très proches des taux d’usure, ce qui « bloque le marché », soulignent encore les professionnels du secteur.
Sans une hausse des salaires pour compenser l’inflation, les seuls profils encore privilégiés sont les actifs de 35 ans disposant de revenus confortables et en excellente santé, ce qui minimise le coût de l’indispensable assurance emprunteur. Pour autant, les prix ne devraient pas baisser de manière notable sans une augmentation marquée des mises en vente, les stocks étant largement insuffisants.
De plus en plus, les particuliers ont besoin de l’accompagnement d’un expert. En alternative aux agences classiques et aux courtiers, beaucoup se tournent vers des agents indépendants. Ces derniers sont de plus en plus nombreux à exercer en portage salarial immobilier.
- Ce statut présente de multiples avantages pour les freelances qui ont besoin à la fois de liberté et de sécurité.
- En plus d’une totale autonomie dans le choix de leurs missions et leur organisation, ils bénéficient d’une protection sociale complète.
- Couverture santé, mutuelle, prévoyance, assurance chômage, cotisation retraite et droit à la formation professionnelle, font ainsi partie des droits sociaux des salariés portés.
De meilleurs rendements pour les placements
Le changement sur le plan monétaire devrait en revanche profiter aux épargnants qui placent leur argent sur un compte-titres ou un fonds euros de l’assurance vie, supports qui garantissent le capital investi.
Pour mémoire, ces fonds sont investis dans des obligations d’État ou d’entreprises. Cependant, la remontée des taux peut réduire la valeur nominale de l’obligation. Aussi, pour obtenir un remboursement intégral,
Les experts recommandent d’atteindre le terme de l’obligation pour la revendre.
L’euro pourrait en outre se renforcer par rapport au dollar, favorisant les investissements sur les marchés américains, via un compte-titres ou un contrat d’assurance vie en unités de compte (UC). Encore faut-il que l’euro retrouve de sa vigueur, notamment en raison de la guerre en Ukraine et du climat économique et politique incertain qui prévaut en Europe.
Les détenteurs d’un livret A bénéficient pour leur part d’un taux de 2 % à compter du 1er août après être passés de 0,50 % à 1 % en février. En cas de nouvelle hausse des taux de la BCE, le taux interbancaire (€STR) augmente également. Or, avec l’inflation, cet indicateur est la base de calcul du taux du livret A. Celui-ci pourrait en conséquence progresser davantage en février 2023.
La rémunération des livrets bancaires, actuellement à 0,09 %, devrait également s’améliorer
Indique la Banque de France. Assujettis au prélèvement forfaitaire unique à 30 %, ces supports sont généralement utilisés uniquement par les épargnants qui ont atteint leur plafond sur les livrets réglementés. Selon les économistes, « les taux directeurs relevés de la BCE devraient favoriser le retour des promotions ponctuelles sur les livrets ».