En 2021, les États-Unis se sont classés numéro un devant la Chine en termes d’investissements directs à l’étranger (IDE). La première économie mondiale pourrait conforter sa position en 2023, grâce au plan anti-inflation de l’administration Biden et à la compétitivité de son énergie par rapport à l’Europe.
Les États-Unis numéro 1 mondial en montant d’IDE en 2021
Les États-Unis ont attiré 4 977 milliards de dollars d’IDE en 2021, soit 506 milliards de dollars de plus qu’en 2020 (+11,3 %) et deviennent numéro un.
C’est ce que révèle l’enquête annuelle du FMI publiée le 7 décembre dernier et qui s’appuie sur les données de 112 pays.
Les Pays-Bas suivent (de loin) avec 4 331 milliards de dollars, devant la Chine (hors Hong Kong) et ses 3 578 milliards de dollars. Toutefois, en incluant Hong Kong, l’Empire du Milieu reste en tête du classement avec un total de 6 891 milliards de dollars.
En se basant sur les augmentations observées dans les différentes monnaies nationales, le taux de croissance annuelle des IDE à l’échelle mondiale est de 7,1 %. Cependant, une fois rapportée en dollars, la hausse tombe à 2,3 % seulement en raison de la puissance du billet vert sur le marché des changes.
Le transit des IDE gonfle les chiffres des petits pays
L’étude livre un autre enseignement intéressant : dans le Top 10 figurent désormais des « petits » pays tels que Luxembourg, Singapour, l’Irlande et Hong Kong.
Ses auteurs expliquent l’écart apparent entre les statistiques des IDE et l’économie réelle par le fait que les investissements sont des statistiques financières incluant les flux financiers entre des entités appartenant directement ou indirectement à une même personne morale.
Les IDE tiennent ainsi compte de flux monétaires qui transitent par un pays jusqu’à leur destination finale pour des motifs réglementaires ou fiscaux, entraînant un gonflement artificiel non négligeable des IDE pour l’économie concernée.
L’enquête souligne ainsi le rôle clé des centres financiers offshore et leur impact sur les IDE.
En débit d’un net repli au cours des 5 dernières années, leur part est en nette augmentation sur la période consécutive à la crise financière de 2008.
Des prévisions en baisse des IDE pour 2022 à l’échelle mondiale
Les investissements directs à l’étranger pour l’exercice 2022 devraient en revanche être inférieurs à ceux de 2021. En juin dernier, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), annonçait « une tendance baissière, ou au mieux une stabilité des IDE ».
La guerre en Ukraine est désignée comme la principale cause du ralentissement des IDE, la situation géopolitique ayant modifié en profondeur l’environnement mondial de l’investissement international.
L’organisation onusienne avait alerté sur la « forte pression exercée par le climat incertain et la frilosité des investisseurs face au risque sur les IDE mondiaux ».
Attractivité accrue des États-Unis pour les investisseurs étrangers en 2023
Pour 2023, l’attractivité américaine pourrait être dopée par l’Inflation Reduction Act (IRA), le plan anti-inflation de Joe Biden. Les industriels qui s’implantent outre-Atlantique à partir de janvier 2023 bénéficieront de 420 milliards d’euros de subventions. L’objectif : relancer le « made in America » dans les filières industrielles d’avenir, comme la fabrication de batteries, les véhicules électriques et les énergies renouvelables. Dans de nombreuses économies, le potentiel de ces secteurs motive une reconversion professionnelle, le manque de compétences assurant d’excellents débouchés à ceux qui s’engagent dans ces voies.
S’y ajoute l’avantage conféré par l’énergie alors que l’Europe est frappée par une crise inédite combinant pénurie et flambée des prix. La situation énergétique pèse lourdement sur la production industrielle, contraignant même certaines usines à l’arrêt, comme dans le domaine de la chimie en Allemagne en raison de sa consommation très importante en gaz.
Côté français, le PDG d’Engie Jean-Pierre Clamadieu a récemment annoncé « une diminution d’environ 30 % de la consommation de gaz, conséquence d’une forte baisse de la production des grands groupes industriels en plus du recours à des sources plus abordables ».
En délocalisant leurs usines sur le sol américain, les investisseurs paieraient leur énergie jusqu’à cinq à six fois moins cher, ce qui représente un avantage inestimable dans le contexte actuel.