Pour la première fois depuis avril 2021, le nombre de chômeurs de catégorie A (sans aucune activité) en France a augmenté de 0,3 % en avril 2022 par rapport au mois précédent. En revanche, le nombre de demandeurs d’emploi global, incluant les catégories B et C, reste en légère baisse (-0,7 %) entre mars et avril derniers. Le mouvement interpelle cependant dans un contexte économique complexe.
Une augmentation en catégorie A, mais un nombre total toujours en baisse
La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) a publié ses dernières statistiques relatives au chômage le 25 dernier mai 2022.
- La catégorie A, avec 3 178 millions d’inscrits, compte ainsi 9 300 personnes supplémentaires sans aucune activité professionnelle (hors chômage de longue durée). Ce chiffre, qui inclut les territoires d’outre-mer, sauf Mayotte, s’affiche ainsi en hausse de 0,3 %.
- Si l’on englobe les données des catégories B et C des chômeurs en activité réduite, ce sont au total 5,5 millions de Français à la recherche d’un emploi en avril (-0,7 % sur un mois). Entre début janvier et fin mars, ce nombre a reculé de 2,7 % en moyenne.
- Le taux de chômage communiqué par l’Insee pour le trimestre est de 7,3 % sur l’ensemble de la population active.
Le marché de l’emploi parvient pour l’instant à se maintenir. L’Urssaf annonce ainsi
Une augmentation de 0,3 % du nombre d’embauches déclarées pour les contrats de plus d’un mois en avril (hors intérim) après un repli de 0,6 % en mars.
En comparaison avec son niveau de février 2020, à la veille de la crise sanitaire, cet indicateur a donc crû de 8,9 %.
Pas encore de retournement structurel, estiment les économistes
L’institut de statistiques du ministère du Travail recommande de traiter ces données avec prudence et de baser toute éventuelle analyse sur les chiffres trimestriels plutôt que mensuels, d’autant que ceux-ci sont particulièrement volatils.
Néanmoins, cet inversement de la tendance n’est pas pris à la légère, les premières estimations de l’Insee faisant état d’une croissance nulle pour le premier trimestre.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation :
- une consommation française en baisse en mars ;
- l’envolée des prix de l’énergie et de nombreuses matières premières, accentuées par le conflit ukrainien ;
- les problèmes de production en Chine.
Pour les experts, la conjoncture mondiale est à l’origine de l’arrêt des créations d’emploi et le recul du chômage, sursaut d’ailleurs courant. La majorité d’entre eux écartent ainsi pour le moment l’hypothèse d’un retournement structurel dans l’Hexagone. Quelques-uns évoquent un risque d’augmentation pour les prochains trimestres.
En prévision, le gouvernement maintient ses dispositifs d’aide aux entreprises au moins jusqu’à fin 2022. C’est notamment le cas de celles qui recrutent en contrats d’apprentissage et de professionnalisation, prime qui a soutenu l’emploi au dernier trimestre 2021.
En parallèle, les conditions d’indemnisation chômage des indépendants sont assouplies afin de mieux protéger ces publics sévèrement impactés par la crise.
D’ailleurs, la faible couverture sociale a poussé un grand nombre de freelances à recourir au portage salarial, qui donne droit au chômage (voir guide portage salarial chômage pour en savoir plus), à l’assurance maladie, à la complémentaire santé, à la cotisation retraite, au financement de la formation par le CPF, aux congés payés, etc.