La question mérite sérieusement d’être posée, au vu des conclusions d’un rapport publié par l’Institut des politiques publiques (IPP). Celui-ci révèle que, parmi les pays de l’OCDE étudiés, la France fait partie des moins bien lotis en matière de mobilité sociale. Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer cette piètre performance, notamment les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur.
Cartographie de la mobilité sociale en France
L’étude de l’IPP révèle une faible mobilité intergénérationnelle en France, avec seulement 9,7 % des enfants issus des 20 % des foyers les moins aisés qui parviennent à accéder aux 20 % les plus riches à l’âge adulte.
En revanche, cette proportion est considérablement plus élevée pour les enfants nés dans les 20 % les plus favorisés. Près d’un tiers (31,8 %) des foyers modestes conserve cette catégorie à l’âge adulte, et les opportunités d’ascension sont légèrement plus présentes pour les classes moyennes.
La France se démarque en maintenant un nombre plus élevé d’enfants issus de familles aisées en haut de l’échelle des revenus, malgré une mobilité ascendante limitée.
En termes de mobilité sociale, la France surpasse uniquement les États-Unis, tandis que des nations, telles que l’Espagne, la Suède, le Danemark, et l’Australie, se positionnent comme des modèles d’égalité des chances.
Ces constats renforcent les conclusions antérieures de l’OCDE, soulignant la persistance du déterminisme social en France.
Les contrecoups des inégalités dans l’accès à l’enseignement supérieur
Les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur, soulignées par l’IPP, expliquent en grande partie l’immobilisme social en France, avec les enfants de familles défavorisées ayant 2,5 fois moins de chances d’obtenir un diplôme supérieur que les enfants issus de familles favorisés.
De même, l’étude met en exergue une diversité géographique marquée, où les enfants nés dans des régions riches, comme l’Île-de-France ou les zones proches de la Suisse, bénéficient d’un environnement propice à l’ascension économique.
En revanche, les régions fortement touchées par le chômage, telles que les Hauts-de-France ou les départements méditerranéens, demeurent des foyers de déterminisme social.
La mobilité géographique est un levier crucial pour améliorer la situation des personnes défavorisées. Les enfants de familles à faibles revenus déménageant vers des régions plus aisées, dans le cadre du portage salarial par exemple, atteignent en moyenne le même niveau de revenu que les enfants de familles nanties qui n’ont pas changé de lieu de résidence, indique l’étude de l’IPP.