La pandémie de Covid-19, avec les confinements successifs et la généralisation du télétravail, a accéléré l’« exode » des Parisiens. Ces mouvements de personnes ont renforcé l’attractivité des petites villes et fait basculer la création d’emploi. Désormais, l’Île-de-France n’en est plus le principal moteur, sa contribution étant tombée de 35 % à 17 % entre 2021 et 2022. Aujourd’hui, grâce à ces flux et à l’essor de l’économie verte dans les territoires, la province tire la croissance de l’emploi en France.
La création d’emplois est tirée par les territoires hors métropoles
Depuis le début de la crise sanitaire, de nombreux Franciliens ont déménagé dans des villes moyennes de province, voire en zone rurale, à la recherche d’une meilleure qualité de vie. D’autres sont partis de la capitale pour des raisons financières, notamment pour fuir des loyers exorbitants.
Cet « exode » des citadins a largement contribué à la montée en puissance des zones géographiques à taille humaine éloignées des grands pôles urbains.
C’est ce que révèle le baromètre Arthur Loyd concernant l’attractivité, résilience des métropoles françaises et de la transition des territoires.
Et l’une des conséquences est le basculement au classement des principaux créateurs nets d’emploi dans l’Hexagone. Pour la première fois, Paris et sa région ne figurent pas en première place, avec une part de seulement 17 % en 2022, contre 35 % en 2021. De leur côté, celle des départements qui ne comptent aucune grande ville a augmenté à 42 %, alors qu’elle ne dépassait pas 15 % au cours des 10 dernières années.
L’évolution est particulièrement marquée dans le Pas-de-Calais, qui enregistre 11 500 nouvelles créations d’emploi depuis 2019. Il devance le Maine-et-Loire, le Finistère ou encore le Morbihan, où plus de 8 000 emplois ont été créés (respectivement +8 500, +8 200 et +8 100). Même en Moselle, département durement touché par la désindustrialisation, les créations nettes d’emplois dépassent 5 000.
Le dynamisme de l’emploi dans les territoires est boosté par la transition écologique
Ces performances inédites des villes moyennes sont dopées par les investissements réalisés dans l’économie verte. Le baromètre Arthur Loyd révèle que
69 % des volumes pour 2021 ont été affectés hors des grandes métropoles.
Le palmarès 2022 des départements sur le critère des investissements dans les filières de la transition énergétique place ainsi le Nord en tête, suivi par le Rhône, l’Hérault, la Seine-Maritime et la Moselle. En 2021, 2,7 milliards d’euros ont été investis dans le développement durable en région Hauts-de-France, tirée par le Nord.
Pour les auteurs de l’étude,
L’importance grandissante des filières vertes entraîne une réorganisation de l’économie et confirme la redistribution des cartes. La réorientation de la majeure partie des investissements vers les territoires moins urbains présage d’une réindustrialisation verte de la France.
Un autre changement est observé dans l’Hexagone : la perte de vitesse du salariat, qui se traduit par une version plus mesurée de la Grande Démission qui a déferlé sur les États-Unis. L’indépendance séduit aujourd’hui plus de 4 millions de personnes, sous des statuts divers. Le succès du portage salarial France est un autre phénomène notable.
L’avantage de ce système est double : bénéficier de l’autonomie de l’entrepreneur tout en ayant droit à une couverture sociale complète liée au statut de salarié porté obtenu par la signature d’un CDD ou d’un CDI avec une société de portage.
Dernier atout de taille, cette dernière se charge de toutes les démarches administratives : formalisation de la relation, déclarations fiscales et sociales, paiement des cotisations sociales obligatoires…