Alors que le Parlement espagnol a définitivement entériné la loi sur le congé menstruel en février dernier, la question demeure taboue en France. Bien que le Sénat ait rejeté l’octroi d’un congé en cas de règles douloureuses, certaines entreprises françaises ont décidé de passer outre et d’adopter cette mesure.
Un problème encore trop minimisé
Pour de nombreuses femmes, les règles sont littéralement synonymes de « souffrances. Selon une enquête IFOP en mai 2021,
Une femme sur deux déclare souffrir de dysménorrhée, un terme médical désignant les douleurs associées à la menstruation.
Plus de 20 % des femmes interrogées rapportent des règles très douloureuses.
Ces symptômes posent problème à de nombreuses femmes, notamment lorsque leurs douleurs menstruelles sont minimisées, ce que 46 % des femmes interrogées par l’IFOP ont déjà ressenti. Cette question est particulièrement pertinente sur le lieu de travail, où près de 16 millions de femmes actives en France vivent ces cycles menstruels.
Il convient de souligner que ce dispositif ne s’appliquerait pas à toutes les personnes menstruées, mais exclusivement à celles pour qui les douleurs sont trop vives pour travailler efficacement.
Actuellement, ces femmes sont contraintes de poser des arrêts de travail fréquents pendant cette période.
Des avis partagés
En théorie, les congés menstruels semblent améliorer le bien-être au travail, mais dans la réalité, cette solution suscite des controverses. Certains employeurs pourraient être tentés de réduire le recrutement de femmes, ce qui aggraverait la discrimination à l’embauche dont elles sont déjà victimes.
De plus, bien que cette proposition vise l’égalité des sexes, certains hommes pourraient se sentir lésés de ne pas bénéficier du même nombre de jours de congé. Il est donc essentiel de préciser que ce dispositif ne s’adresse qu’aux femmes dont les cycles menstruels sont particulièrement douloureux.
Malgré un accueil mitigé, de nombreuses expérimentations françaises ont démontré les avantages de ce projet, même si certains restent sceptiques quant à l’augmentation potentielle de la discrimination à l’emploi et aux tensions au sein des équipes.
Un bilan très positif
De plus en plus d’entreprises et de collectivités françaises se lancent dans l’adoption des congés menstruels, à l’instar de Goodays, une entreprise de développement de logiciels anciennement connue sous le nom de Critizr. Malgré les inquiétudes concernant d’éventuels abus, la direction de l’entreprise note un recours limité à ce dispositif. Parmi les 100 employés de l’entreprise, composée de 40 femmes, seules 5 ont demandé à bénéficier de ces congés, et ce, ni chaque mois ni pour leur durée totale.
Les congés menstruels semblent plus faciles à mettre en place dans les entreprises de la Tech, réputées pour leur flexibilité.
La flexibilité, justement, amène à penser qu’ils devraient également être plus simples à instaurer pour les femmes travaillant en portage salarial.
En effet, les salariés portés sont souvent des travailleurs indépendants qui gèrent leur emploi du temps. Cela signifie qu’ils peuvent organiser leurs congés en fonction de leurs besoins et de l’accord mutuel avec l’employeur. Cela peut faciliter la planification des congés, en évitant les conflits potentiels avec d’autres employés.