Face à l’inflation et la baisse significative du pouvoir d’achat des Français, la question du SMIC revient régulièrement dans les discussions des autorités concernées depuis plusieurs mois. Certes, le gouvernement ne nie pas la nécessité d’une révision à la hausse, mais cette dernière doit être bien pensée et rester raisonnable pour garder le contrôle sur les effets d’une revalorisation.

Un plus grand déséquilibre au niveau du pouvoir d’achat et des salaires

En France, le SMIC et le salaire médian constituent les deux indicateurs statistiques qui permettent de définir le niveau de revenus des travailleurs. Si le premier désigne la rémunération minimale imposée par la loi, le second représente celle qui se situe au milieu salaires les plus bas et les plus élevés.

Conçu pour tirer les faibles salaires vers le haut, le SMIC est toujours calculé en fonction de l’inflation. Or, il faut savoir que le salaire médian est généralement supérieur au SMIC (d’environ 40 %). Une augmentation significative du SMIC pourra donc accroitre le pouvoir d’achat de ceux qui le perçoivent tandis que celui des autres travailleurs restera au même niveau, ou s’affaiblira compte tenu de la hausse généralisée et constante des prix.

Si les entreprises doivent appliquer une revalorisation de salaire pour leurs collaborateurs qui touchent le SMIC, elles vont « amortir » la différence avec celui des employés qui sont payés plus que ce plancher légal. Si le gouvernement choisit donc de procéder à une hausse de la rémunération minimale, il réjouira les smicards tout en défavorisant les autres salariés.

Un impact négatif sur l’emploi et les entreprises

Si l’augmentation du salaire minimum réglementaire est mise en place pour de nombreux travailleurs, les impacts sur l’emploi peuvent être perceptibles. Cette situation va concerner un peu plus de 3 millions d’individus, environ 18 % des salariés étant payés au SMIC. La hausse de 14 % inscrite au programme du Nouveau Front Populaire pourrait ainsi toucher quelques 500 000 postes au cours des 5 prochaines années.

Du côté des entreprises, l’obligation de procéder à une revalorisation de la rémunération de leur personnel payé au SMIC peut compromettre leurs finances dans un contexte déjà difficile.

Les entreprises devront répercuter cette augmentation en premier lieu sur les coûts de production, ce qui impactera le prix de leurs biens et/ou services. Pour faire face au bouleversement économique et financier de cette opération, elles peuvent également être amenées à réduire leurs effectifs et à geler les embauches. En outre, avec la hausse des charges, leur compétitivité risque d’être significativement diminuée. Les petites structures sont celles qui souffriront le plus, notamment celles qui ont déjà du mal à garder la tête hors de l’eau actuellement.

Les solutions envisageables

Après avoir rejeté en bloc la proposition du Nouveau Front Populaire concernant l’augmentation du SMIC à 1600 €, soit une hausse de 14 %, le gouvernement a revu sa position. Certes, une revalorisation immédiate ne sera pas possible compte tenu de tous les paramètres à prendre en considération. Mais si cette solution devient inévitable, le pourcentage appliqué devra être raisonnable.

Afin de limiter les impacts négatifs sur l’emploi, sur le pouvoir d’achat des Français et sur les entreprises, les experts préconisent d’aligner le SMIC avec le contexte socioéconomique actuel. Ils recommandent son indexation sur la moyenne des hausses appliquées dans les secteurs les plus représentatifs du tissu économique.