Après la pandémie qui a transformé en profondeur le monde professionnel, le climat économique incertain fait évoluer continuellement les préoccupations et attentes des cadres du secteur privé. Aujourd’hui, leur priorité va à l’épanouissement, et celui-ci passe par un meilleur équilibre entre les sphères personnelle et professionnelle de leur vie, avec une organisation de travail plus flexible. Ces aspirations expliquent l’attrait croissant pour le freelancing et le portage salarial.
De nouvelles aspirations influencées par les contraintes économiques
Comme tous les Français, les cadres s’inquiètent de la dégradation de leur pouvoir d’achat due à l’inflation. Bien que moins vulnérables que les CSP inférieures, qui perçoivent des salaires plus modestes, ils n’échappent pas aux contraintes économiques.
- 38 % d’entre eux désignent en conséquence la modification de leurs habitudes de consommation comme le principal changement dans leur quotidien. Cette question a fortement influencé l’évolution de leurs aspirations depuis 2021.
- La priorité pour les cinq prochaines années va désormais à l’épanouissement professionnel pour 42 % des interrogés.
- Ils sont presque aussi nombreux (41 %) à se déclarer en quête d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Sur de nombreux secteurs marqués par des tensions sur le recrutement, ils sont cependant en position de force pour imposer leurs attentes en matière d’organisation du travail.
Un enjeu majeur émerge pour 26 % des cadres : la maîtrise des nouvelles technologies.
L’essor de l’intelligence artificielle, en particulier, divise, puisque ses défenseurs, ses détracteurs, et les indécis se répartissent à égales proportions au sein de cette population.
Les moins de 35 ans semblent plus ouverts, avec 44 % qui perçoivent l’IA comme une opportunité, tout comme 47 % de ceux ayant déjà une expérience en indépendants. Ces données suggèrent que les actifs familiers d’environnements de travail plus autonomes reconnaissent volontiers les bénéfices de cet outil, quand d’autres le voient comme une menace.
Des velléités de changement professionnel malgré une conjoncture moins favorable
Malgré une conjoncture économique moins favorable, les cadres osent la mobilité professionnelle pour relancer leur carrière.
- 42 % d’entre eux ont démissionné ou projettent de leur faire. Bien qu’en baisse de 9 points entre 2022 et 2023, ce pourcentage reste significatif.
- Les 8 % qui ont franchi le pas sont majoritairement les jeunes (moins de 35 ans), ceux ayant une expérience en indépendant et ceux qui recherchent d’avantage de reconnaissance de leur travail.
D’ailleurs, ce dernier point figure sur la liste des explications à ces envies d’ailleurs, avec une rémunération plus attractive, et le souhait de se défaire d’un management qui ne convient plus.
En parallèle, d’autres raisons gagnent en importance depuis le début de l’année :
- la perte de sens dans le travail,
- le sentiment de n’avoir qu’un faible impact sociétal,
- l’aspiration à se libérer du statut d’employé,
- le désir de concrétiser un projet personnel.
Un intérêt croissant pour le freelancing et les TPE
Ces facteurs poussent les cadres vers des formes d’emploi plus souples, qui leur offrent davantage d’autonomie et permettent une plus grande implication personnelle. Cette tendance semble confirmer les différentes projections, qui annoncent une augmentation continue du nombre d’indépendants en France.
Un tiers des cadres seraient ainsi intéressés par une activité en freelance à l’avenir, pour pouvoir choisir leurs missions et être maîtres de leur temps, deux facteurs clés d’épanouissement.
Pour autant, ils ont conscience des défis qui accompagnent le renoncement au salariat. Ils sont 49 % à redouter l’instabilité ou la baisse de revenus, ainsi que les complexités administratives.
À défaut de se lancer seuls, beaucoup se tournent vers les structures de petite taille. 56 % des sondés manifestent leur attrait pour les TPE, dont 72 % des cadres issus d’entreprises de moins de 250 salariés. Les arguments sont variés :
- 42 % évoquent un retour à une dimension plus humaine,
- 31 % mettent en avant la proximité avec les prises de décision,
- 29 % considèrent cela comme une occasion de prendre plus de responsabilités et d’élargir leur champ d’action.
Enfin, le statut de salarié porté fait de plus en plus d’adeptes.
La combinaison de la liberté de l’entrepreneur et de la sécurité, avec la couverture sociale du salarié, constitue le premier avantage du portage salarial.
D’autres atouts contribuent à la notoriété, et à l’image positive que la plupart des répondants en ont :
- la gestion administrative et l’accompagnement par la société de portage,
- l’existence d’un salaire minimum fixé par la convention collective.
Preuve de son potentiel, plus d’un cadre sur trois (36 %) dans le privé pourrait tenter l’expérience dans les cinq années à venir.
*Source : baromètre IFOP – Freelance.com 2024 sur les aspirations des cadres et les nouvelles formes de travail