Selon l’étude « Opinions et attentes des techniciens et professions intermédiaires » publiée à la mi-juin par l’Ugict, le salaire reste la priorité de près de trois quarts des salariés des secteurs privé et public. De manière générale, le baromètre met en évidence un mécontentement de ces salariés concernant leur rémunération, leur charge de travail, leur influence sur les évolutions de l’entreprise.

Inquiétude et insatisfaction concernant les salaires

La catégorie des professions intermédiaires regroupe les salariés n’ayant pas le statut de cadres ou d’ouvriers. Au mois de main dernier, l’Ugict (Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens) en a interrogé 1 000 d’entre eux concernant leurs principaux sujets de préoccupations. 72 % ont mentionné en priorité la rémunération, un chiffre qui gagne 16 points en trois ans.

56 % des sondés jugent leur salaire trop faible par rapport à leur charge de travail. 61 % le considèrent comme inadéquat par rapport à leur engagement, tandis que 49 % estiment qu’il n’est pas à la hauteur de leur niveau de diplôme décroché dans un établissement d’enseignement supérieur. Selon Caroline Blanchot, secrétaire nationale de l’Ugict,

Ces chiffres reflètent le mécontentement des salariés sur la question de la rémunération.

On observe néanmoins une différence de ressenti entre les hommes et les femmes. Les hommes sont 28 % à partager leur inquiétude concernant leur rétribution, contre 18 % pour les femmes, bien qu’elles soient majoritaires en termes d’effectifs dans cette catégorie professionnelle.

Une surcharge de travail néfaste à l’équilibre vie pro/vie perso

Le baromètre place l’équilibre entre vie pro/vie perso juste après le salaire, même si les deux facteurs réunissent un nombre égal de suffrages (72 %). Cette fois, une proportion plus importante de femmes exprime ses craintes (43 %) par rapport à leurs pairs masculins (34 %).

Pour compléter leurs revenus, ces actifs doivent travailler au-delà de leurs horaires de travail contractuels. Or, 22 % de ceux qui effectuent des heures supplémentaires déclarent qu’

Ils n’obtiendront pas la rémunération correspondante ou le temps de repos compensateur équivalent.

Caroline Blanchot attribue ces problèmes au forfait jour, un système dont la France a l’exclusivité en Europe, et qui empêche la comptabilisation des journées à rallonge de certains salariés.

Pourtant, 52 % des répondants déplorent une hausse de leur charge de travail. Pour 47 % des professionnels techniques ou intermédiaires, les journées de travail dépassent 39 heures, et pour 15 % d’entre eux, elles peuvent atteindre 45 à 48 heures. Et selon 47 % des participants à l’enquête, les technologies de l’information et les outils numériques n’apportent plus d’amélioration sensible de leurs tâches en termes de simplicité. Ils sont ainsi plus de 60 % à exiger un droit à la déconnexion effectif.

Les recommandations de l’Ugict face à une perte de motivation généralisée

Par ailleurs, 35 % d’entre eux affirment

Manquer des ressources nécessaires pour accomplir leur mission de manière optimale.

Ils sont presque aussi nombreux (36 %) à avouer un déclin de leur motivation et de l’intérêt qu’ils portent à leur emploi. Pire encore, 64 % d’entre eux affirment que

Leur éthique professionnelle s’oppose régulièrement aux décisions stratégiques et pratiques en vigueur au sein de leur entreprise.

Pour y remédier,

L’Ugict préconise d’instaurer un droit de refus ou d’alerte, et de donner aux salariés et agents qualifiés à responsabilité la possibilité de proposer des solutions alternatives dans de telles circonstances.

L’adoption d’un tel droit s’avère d’autant plus nécessaire que les professions intermédiaires sont frustrées de leur faible pouvoir d’influence sur les transformations internes de leur entreprise. En effet, si elles se considèrent pour 63 % comme

Plus autonomes que leurs collègues ouvriers et employés, 61 % affirment disposer de moins de marge de manœuvre que les cadres pour suggérer des évolutions.

Montée du syndicalisme face à un sentiment d’insatisfaction croissant

Cet aspect pourrait expliquer la confiance accrue accordée aux syndicats pour défendre leurs droits. D’après l’étude de l’Ugict, un tiers des travailleurs appartenant à cette catégorie partagent cet avis, et ce pourcentage grimpe même à 40 % des jeunes de 25-34 ans. Récemment, la CGT et l’Ugict ont observé une forte augmentation du nombre d’adhésions.

Les recommandations de l’Ugict incluent l’indexation des salaires sur le SMIC et l’inflation, la valorisation des diplômes et de la qualification dès l’entrée en fonction et tout au long du parcours professionnel, la retraite à 60 ans avec une pension représentant au minimum 75 % du dernier salaire perçu, et l’aménagement du temps de travail avec la semaine raccourcie à 4 jours pour un total de 32 heures.

Ces revendications rejoignent les aspirations de ceux qui ont opté pour une activité indépendante. Ces experts fixent librement leurs honoraires et gèrent leur planning selon les délais convenus pour chaque mission et leurs impératifs personnels et familiaux. Ceux qui ont choisi le statut de salariés portés bénéficient en plus d’une protection sociale complète, et le salaire en portage salarial doit respecter un minimum fixé par la convention collective de branche.