La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) n’est plus un simple outil de communication pour les entreprises : c’est une véritable clé de différenciation, à la fois pour attirer les talents et pour répondre aux attentes des consommateurs. Pourtant, promouvoir une politique RSE peut s’avérer délicat lorsque le discours institutionnel peine à convaincre. Alors, pourquoi ne pas confier ce rôle aux véritables témoins de vos engagements : vos salariés ? L’employee advocacy, ou « plaidoyer des employés », s’impose comme une stratégie puissante. En transformant les collaborateurs en ambassadeurs, elle permet de diffuser des messages authentiques et crédibles, tant en interne qu’en externe. Décryptage.
Pourquoi l’employee advocacy est clé pour la RSE
Dans un climat où les discours institutionnels sont souvent remis en question, les témoignages personnels des salariés inspirent davantage confiance. Selon Caroline Loisel, experte en transformation RH, « ce que dit un collaborateur sera plus intime, vrai, et nourri de convictions réelles ». Les salariés, en partageant leurs expériences, incarnent l’engagement de l’entreprise.
Les avantages de l’employee advocacy pour la RSE
Une crédibilité accrue
Les témoignages des salariés apportent une authenticité difficilement atteignable par les canaux institutionnels. Contrairement aux discours officiels souvent perçus comme trop formatés, les collaborateurs s’expriment avec spontanéité, en partageant des expériences personnelles. Ce type de communication résonne davantage auprès des audiences internes et externes. Comme le souligne Caroline Loisel, experte en transformation RH, « dans un contexte où le grand public se méfie des messages institutionnels, la voix des employés gagne en poids grâce à sa sincérité et son ton humain ». Les messages véhiculés par les salariés suscitent ainsi confiance et engagement.
Un engagement interne renforcé
Impliquer les salariés dans une stratégie d’employee advocacy ne se limite pas à externaliser la communication RSE. C’est aussi une manière de renforcer leur attachement à l’entreprise. En participant activement à la promotion des initiatives responsables, les collaborateurs deviennent fiers de leur environnement de travail et des valeurs qu’ils défendent. Cette fierté joue un rôle important dans la rétention des talents et l’amélioration de la satisfaction au travail. En se voyant confier un rôle d’ambassadeur, les salariés développent un sentiment d’appartenance plus fort, favorisant un engagement sincère et durable.
Un rayonnement externe
Les salariés qui relaient les initiatives RSE sur les réseaux sociaux ou dans leurs cercles privés deviennent des multiplicateurs de visibilité pour l’entreprise. Grâce à leurs publications, le message de l’organisation atteint des audiences diversifiées et parfois inaccessibles par les canaux traditionnels. Chaque employé a une communauté unique, composée d’amis, de collègues et de contacts professionnels, qui peut être sensibilisée aux actions de l’entreprise. Ce rayonnement organique, amplifié par la confiance accordée aux témoignages personnels, contribue à construire une image de marque positive, alignée avec les attentes croissantes des consommateurs et candidats en matière de durabilité et d’éthique.
Évaluer la maturité RSE de l’entreprise
Avant d’actionner l’employee advocacy, un diagnostic de la maturité RSE de l’entreprise est essentiel. Martin Richer, fondateur de Management & RSE, note que « la majorité des organisations n’impliquent pas encore pleinement leurs salariés dans leur politique RSE ».
La maturité d’une entreprise en matière de RSE peut être évaluée selon trois niveaux distincts, chacun reflétant une étape clé dans l’intégration des principes de responsabilité sociétale dans ses pratiques. Ces niveaux témoignent du degré d’engagement de l’organisation et de son impact sur les parties prenantes.
Actions logistiques : des initiatives visibles et concrètes
Les actions logistiques représentent le premier palier de maturité. Ce sont des initiatives simples, souvent centrées sur l’environnement immédiat de l’entreprise et aisément perceptibles par les salariés et les visiteurs. Parmi ces actions figurent l’installation de poubelles de tri ou de compost dans les locaux, l’adoption de gobelets réutilisables ou de fontaines à eau pour limiter les déchets et l’utilisation de matériaux durables dans les fournitures de bureau.
Ces démarches, bien qu’importantes, ont une portée limitée sur le long terme et sont rarement suffisantes pour susciter une véritable fierté chez les salariés ou marquer l’opinion publique. Elles constituent néanmoins une base essentielle pour sensibiliser et amorcer une transition vers des pratiques plus profondes.
Actions commerciales : une intégration dans la stratégie d’entreprise
À ce deuxième niveau, les actions commerciales reflètent une prise de conscience stratégique des enjeux RSE. Ces initiatives vont au-delà des aspects logistiques pour toucher directement le cœur de l’activité économique de l’entreprise. Réduire l’empreinte carbone des produits ou services proposés, boycotter des pratiques jugées non durables, comme le Black Friday, pour promouvoir une consommation plus responsable et créer des partenariats avec des fournisseurs respectant des critères éthiques et environnementaux sont des exemples notables.
Ces décisions, qui affectent directement la chaîne de valeur, permettent à l’entreprise de se différencier tout en répondant aux attentes des consommateurs et investisseurs. Elles renforcent également la crédibilité des engagements RSE auprès des salariés.
Actions politiques : des engagements porteurs de transformation
Le troisième et dernier niveau, celui des actions politiques, est le plus ambitieux. Il traduit une véritable implication de l’entreprise dans des enjeux sociétaux majeurs, avec un impact au-delà de son propre périmètre. Ce type d’initiative témoigne d’une volonté de transformation globale et de leadership.
Par exemple :
- La création d’un dividende écologique qui redistribue les gains liés à des pratiques durables.
- Le plaidoyer actif auprès des institutions pour encourager la transition énergétique ou des réformes écologiques.
- La mise en œuvre de programmes inclusifs en matière de diversité et d’équité, en collaboration avec des ONG ou des gouvernements.
Ces engagements politiques, souvent audacieux, non seulement renforcent la fierté des salariés, mais positionnent également l’entreprise comme un acteur influent et engagé sur des enjeux globaux.
Une progression nécessaire pour une RSE impactante
Ces trois niveaux ne s’excluent pas mutuellement : ils forment une progression naturelle dans l’intégration de la RSE. Pour maximiser l’impact de ses actions, une entreprise doit dépasser les initiatives logistiques et commerciales pour embrasser des engagements politiques porteurs de sens. C’est ce niveau d’engagement qui transforme les salariés en ambassadeurs enthousiastes et amplifie le message de l’entreprise dans la société.
Actionner l’employee advocacy pour promouvoir la RSE, c’est avant tout faire confiance à ses salariés pour porter un message sincère et puissant. Dans un monde en quête d’authenticité, cette stratégie offre aux entreprises une chance unique de renforcer leur impact, tout en fédérant leurs collaborateurs autour de valeurs communes.