Les retraites de base augmenteront de 2,2 % en janvier 2025, une décision provoquée par la censure gouvernementale qui, tout en bénéficiant aux retraités, exacerbe les tensions financières du système de retraite déjà en déficit. Décryptage.

 

Une augmentation inattendue grâce à la censure gouvernementale

La censure du gouvernement a entraîné une application automatique des règles de base concernant les retraites, garantissant une revalorisation de 2,2 % pour les pensions de retraite en 2025. Cette hausse, plus généreuse que celle envisagée par les parlementaires et l’exécutif, découle de l’indexation sur l’inflation constatée sur douze mois, conformément aux mécanismes réglementaires en vigueur.

Pour les retraités, cette augmentation représente un allègement bienvenu dans un contexte économique marqué par une inflation persistante. Après une hausse notable de 5,3 % en 2024, la nouvelle revalorisation renforce leur pouvoir d’achat. Cependant, ce coup de pouce soulève de sérieux défis pour les finances publiques, qui peinent déjà à contenir un déficit croissant.

 

Un budget de la Sécurité sociale à l’arrêt

L’interruption de l’examen du budget de la Sécurité sociale, provoquée par la chute du gouvernement, a annulé des mesures visant à limiter les dépenses liées aux pensions de retraite. Initialement, l’exécutif prévoyait de geler temporairement les retraites pendant six mois, une démarche destinée à réduire les coûts de 4 milliards d’euros pour l’État et la Sécurité sociale. Ce gel, bien que critiqué pour son impact social, devait contribuer à freiner la dégradation des finances publiques.

Un compromis parlementaire avait été trouvé pour réduire la hausse des pensions à 0,8 %, avec un supplément pour les retraités percevant moins de 1 500 euros par mois. Ce plan aurait permis une augmentation globale plus mesurée, tout en ménageant les retraités les plus modestes. Mais avec la censure, ces efforts ont été balayés.

 

Une comparaison défavorable avec les retraites complémentaires

Alors que les retraites de base bénéficieront d’une augmentation de 2,2 %, les retraites complémentaires, gérées par les partenaires sociaux, n’ont été revalorisées que de 1,6 % en novembre dernier. Cette différence met en lumière les déséquilibres dans la gestion des différents régimes de retraite, renforçant les interrogations sur l’équité et la viabilité à long terme du système.

 

Un déficit qui se creuse dangereusement

La censure gouvernementale et l’absence d’un budget de la Sécurité sociale accentuent le déficit des régimes de retraite. Déjà estimé à 6,5 milliards d’euros pour 2024, il pourrait dépasser les 10 milliards d’euros en 2025. Cette aggravation est d’autant plus inquiétante que le gouvernement comptait également sur une augmentation des cotisations des collectivités locales et des hôpitaux pour renflouer la caisse de retraite des agents hospitaliers, une mesure désormais compromise.

 

Les conséquences politiques et sociales

Cette situation alimente les débats au sein de la classe politique, où les divergences sur la réforme des retraites restent vives. Les partis d’opposition, comme La France Insoumise et le Rassemblement National, dénoncent une gestion jugée incohérente et appellent à des mesures plus radicales, comme l’abrogation de la réforme des retraites. De son côté, le Parti socialiste plaide pour un gel temporaire de la réforme, tandis que la droite républicaine exprime des réserves sur les répercussions économiques des hausses non contrôlées des pensions.

 

Un système sous pression

L’augmentation des retraites de base pose une nouvelle fois la question de la soutenabilité du système de retraite français. Avec un vieillissement démographique accéléré et un rapport cotisants-retraités de plus en plus déséquilibré, la pression sur les finances publiques est inévitable. Des solutions structurelles, comme une réforme en profondeur des régimes ou une diversification des sources de financement, semblent indispensables pour éviter une crise majeure.