La transmission des savoirs devient un enjeu prioritaire pour les entreprises. Les experts internes ne sont pas seulement des spécialistes dans leur domaine : ils incarnent la mémoire vivante des pratiques et des processus de l’organisation. Leur contribution dans les projets de formation est essentielle pour sécuriser les compétences au sein des équipes. Pourtant, plusieurs obstacles, avoués ou non, freinent souvent cette dynamique. Mais comment engager ces spécialistes dans des initiatives de transmission des connaissances ? Eléments de réponse.

 

Les freins avoués à la transmission des compétences

Les experts ne sont pas des formateurs

Les experts maîtrisent parfaitement leur domaine technique mais manquent parfois des compétences pédagogiques nécessaires pour transmettre efficacement leur savoir. Cela peut entraîner des formations peu adaptées ou difficiles à suivre.

Pour surmonter ces obstacles, deux approches complémentaires peuvent être envisagées. Tout d’abord, associer un formateur professionnel permet de structurer et clarifier les contenus, rendant la transmission des savoirs plus efficace. Ensuite, former les experts à l’utilisation d’outils simples, tels que des tutoriels vidéo ou des supports visuels, peut considérablement faciliter le partage des connaissances de manière accessible et attrayante.

En ce qui concerne le manque de temps des experts, il est indispensable de prendre en compte leur charge de travail souvent importante. Ces collaborateurs jonglent déjà avec de multiples responsabilités, et leur attribuer des missions de formation supplémentaires risque d’entraîner un stress accru ou un désengagement. Une réorganisation stratégique de leurs tâches ou la délégation de certaines responsabilités peut aider à libérer du temps.

 

Les RH débordés

Les services RH jouent un rôle central dans la mise en œuvre du knowledge management, mais ils peuvent souvent être débordés par d’autres priorités ou manquer de ressources nécessaires pour piloter efficacement des initiatives de formation.

Les responsables opérationnels, étant proches des équipes, sont en mesure d’identifier avec précision les compétences critiques à développer. Collaborer avec eux permet de cibler les besoins et de mobiliser les experts internes de manière stratégique.

Lorsque les ressources internes font défaut, solliciter des consultants ou formateurs externes peut offrir une structure et un cadre adaptés pour créer et déployer des programmes de formation efficaces, tout en allégeant la charge des services RH.

 

Les freins inavouables à surmonter pour un knowledge management réussi

La peur de perdre son statut d’expert

Certains experts internes peuvent éprouver une appréhension à l’idée de transmettre leurs connaissances, craignant que cela n’entame leur valeur perçue au sein de l’entreprise. Ce sentiment, bien que compréhensible, peut les amener à redouter d’être jugés ou même remplacés. Pour surmonter ces freins, plusieurs solutions efficaces peuvent être mises en œuvre.

Tout d’abord, valoriser les contributeurs est essentiel : positionnez les experts comme des figures de référence, des leaders d’opinion reconnus pour leur rôle stratégique dans l’entreprise. Cette reconnaissance peut prendre différentes formes, qu’il s’agisse de récompenses financières, de promotions ou encore de distinctions symboliques qui mettent en lumière leur contribution. Ensuite, privilégiez une approche bienveillante en organisant des sessions collaboratives conçues pour favoriser un partage sans jugement. Ces ateliers permettent de créer un espace sécurisant où chacun peut contribuer librement, renforçant ainsi la confiance et l’envie de transmettre.

 

La crainte de perdre leur unicité

La singularité des experts repose sur leurs connaissances spécifiques, ce qui peut engendrer une appréhension : partager leurs savoirs pourrait être vu comme une menace pour leur rôle stratégique. Pourtant, il est possible de lever ces craintes en adoptant des approches valorisantes. Mettre en lumière les mentors est une première solution : reconnaître les experts comme des figures d’autorité et de référence dans leur domaine renforce leur légitimité et leur rôle unique.

Par ailleurs, instaurer une culture d’entreprise axée sur la collaboration est essentiel. Cette démarche met en avant le fait que le partage des connaissances enrichit la valeur collective de l’entreprise, tout en préservant et même renforçant l’importance individuelle de chaque expert.

 

Le manque de compétences en RH

Les équipes RH, bien qu’essentielles dans la mise en place du knowledge management, peuvent parfois manquer de l’expérience ou des compétences nécessaires pour structurer des initiatives efficaces.

Organiser des ateliers pratiques pour initier les équipes RH aux outils modernes de gestion des connaissances et aux stratégies pédagogiques. Ces sessions permettent de mieux comprendre les enjeux, d’adopter des approches adaptées et de renforcer leur rôle dans la transmission des savoirs.

Instaurer une collaboration active entre les RH et les experts internes afin de concevoir des programmes de formation sur-mesure. Cette approche participative garantit des contenus réalistes, alignés sur les besoins des équipes et les priorités de l’entreprise.

En combinant sensibilisation et coopération, les RH peuvent devenir des acteurs clés de la pérennisation des compétences.

 

Construire un programme efficace de knowledge management

Identifier les besoins en compétences

Avant de lancer toute initiative de knowledge management, il est primordial de cibler les compétences clés indispensables à l’entreprise. Cela passe par une cartographie détaillée des expertises internes pour identifier les savoirs existants, les lacunes éventuelles, et les besoins prioritaires en formation.

Procéder à un diagnostic exhaustif pour évaluer les connaissances disponibles et celles qui nécessitent un renforcement ou une acquisition.

Collaborer avec les experts métiers pour recueillir leur vision sur les besoins de formation et hiérarchiser les domaines d’intervention.

 

Intégrer la transmission des savoirs dans la culture d’entreprise

Instaurer une culture d’entreprise où le partage des connaissances est valorisé demande une stratégie globale et cohérente. L’objectif est de démontrer que ce processus n’est pas seulement utile pour l’organisation, mais qu’il profite également à chaque collaborateur, en renforçant leur expertise et en favorisant la collaboration.

Organiser des séances interactives où les experts peuvent partager leurs savoirs sur des sujets qu’ils maîtrisent et qu’ils choisissent eux-mêmes. Ces ateliers permettent une diffusion naturelle des compétences tout en respectant les centres d’intérêt des experts.

Mettre en place des binômes ou des trinômes entre experts et collaborateurs moins expérimentés. Cela favorise un apprentissage personnalisé, renforce les liens au sein des équipes et garantit une montée en compétences progressive et efficace.

Mettre en place des outils collaboratifs

Les outils numériques sont des alliés précieux pour structurer et partager les connaissances.

  • Plateformes LMS (Learning Management System) : Ces systèmes permettent de centraliser et de diffuser les contenus pédagogiques, offrant aux collaborateurs un accès simplifié aux formations et aux ressources nécessaires.
  • Bases de connaissances collaboratives : Ces espaces digitaux permettent aux experts de documenter leurs savoirs de manière structurée et accessible, encourageant ainsi un partage fluide et continu des informations au sein de l’organisation.

 

Bénéfices d’une gestion optimisée des connaissances

Adopter une approche proactive de knowledge management offre à une entreprise des avantages significatifs et durables.

Les collaborateurs, en se sentant reconnus et valorisés dans leur contribution, développent un engagement renforcé envers l’entreprise. Cette reconnaissance favorise leur fidélisation et diminue les départs.

Une transmission efficace des pratiques et des savoirs améliore la coordination et l’exécution des tâches. Cela conduit à des processus plus fluides et à une augmentation de la productivité globale.

En centralisant et partageant les connaissances stratégiques, l’entreprise sécurise son patrimoine intellectuel. Même en cas de départ d’un expert, les savoirs critiques restent accessibles et mobilisables par les équipes.

Une gestion optimisée des connaissances devient ainsi un levier puissant pour renforcer la résilience et la compétitivité organisationnelle.

Impliquer les experts internes dans les projets de formation n’est pas une option mais une nécessité. En dépassant les freins avoués et inavouables, les entreprises peuvent capitaliser sur leurs ressources internes pour assurer leur compétitivité et pérennité.