Face à l’urgence climatique, nos choix de transport se révèlent impactant. Néanmoins, pour beaucoup la question du temps reste un frein. Certaines entreprises ont trouvé la réponse en lançant les congés Temps de Trajet Responsable (TTR). Un choix qui séduit non seulement les collaborateurs, mais aussi les employeurs soucieux d’attirer les talents tout en affirmant leurs engagements environnementaux. Décryptage d’une initiative qui réconcilie vacances et écoresponsabilité, tout en posant les bases d’une nouvelle relation entre entreprise et mobilité durable.

 

L’impact environnemental des moyens de transport : un choix qui fait la différence

Un Paris-Barcelone en avion émet en moyenne 190 kg de CO2 par personne, contre seulement 3 kg pour un trajet équivalent en train. Cette différence de taille, un facteur de réduction d’empreinte carbone par 63, illustre l’intérêt croissant pour des modes de transport plus durables.

Mais une question persiste : voyager de manière écoresponsable est-il compatible avec des congés limités ?

 

Congés Temps de Trajet Responsable : une révolution pour la mobilité durable

Qu’est-ce qu’un congé TTR ?

Certaines entreprises ont décidé d’apporter une réponse innovante, en mettant en place des congés dédiés pour encourager leurs employés à adopter des pratiques de voyage respectueuses de l’environnement.

Le concept de congés Temps de Trajet Responsable (TTR) repose sur une idée simple : accorder des jours supplémentaires de congé aux salariés optant pour des trajets longs en train, bus ou covoiturage. L’objectif est double : réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en sensibilisant les collaborateurs à l’urgence climatique.

 

Une initiative pionnière portée par Ubiq

Ubiq, une plateforme d’immobilier de bureaux, a été l’une des premières entreprises à adopter ce dispositif en janvier 2023. Elle accorde deux jours supplémentaires par an à ses collaborateurs effectuant des trajets de plus de six heures en modes de transport bas carbone.

Le succès est au rendez-vous : près d’un tiers des salariés de l’entreprise ont profité de cette opportunité dès la première année. Pour Ubiq, ces congés, bien que coûteux (entre 600 et 700 euros par jour par collaborateur), représentent un investissement stratégique dans la fidélisation des talents et la marque employeur.

 

Pourquoi les entreprises s’impliquent-elles dans la mobilité durable ?

Les préoccupations environnementales des salariés influencent désormais leurs choix professionnels. Une enquête Harris Interactive (2022) révèle que 80 % des répondants souhaitent que les entreprises s’engagent activement dans des démarches sociales et environnementales.

En réponse à ces attentes, des dispositifs comme le congé TTR permettent de renforcer la cohérence entre les valeurs affichées par l’entreprise et ses actions concrètes.

Du côté de la réglementation, la directive CSRD, entrée en vigueur en janvier 2024, impose aux entreprises d’intégrer les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leur reporting. Si les déplacements personnels ne sont pas comptabilisés dans le bilan carbone, les congés TTR s’inscrivent dans une stratégie d’engagement plus large, en influençant positivement la perception des salariés et des candidats.

 

Les bénéfices des congés TTR pour les entreprises

En adoptant des mesures innovantes comme les congés TTR, les entreprises renforcent leur attractivité auprès des jeunes talents, sensibles aux enjeux écologiques. Ces initiatives contribuent également à une meilleure qualité de vie au travail et à un plus grand engagement des collaborateurs.

 

Défis et limites des congés TTR

Si les congés TTR séduisent, ils soulèvent également des zones grises. En effet, tous les salariés n’ont pas les moyens ou les opportunités de voyager en mode bas carbone, notamment pour des déplacements intercontinentaux.

Concernant la responsabilité légale, une question se pose en cas d’accident d’un salarié lors d’un trajet couvert par un congé TTR.

 

Vers une évolution des pratiques professionnelles ?

Les congés TTR, bien que symboliques, traduisent un engagement fort des entreprises pour encourager des pratiques plus responsables. Ils s’inscrivent dans un mouvement global de transformation des mentalités et des modes de vie face à l’urgence climatique.