Alors que les tensions géopolitiques s’intensifient, l’industrie de la défense française se trouve confrontée à un défi de taille : celui de mobiliser les talents nécessaires pour garantir la souveraineté technologique et la sécurité nationale. La concurrence des GAFAM, qui proposent des salaires attractifs et des conditions de travail souvent plus flexibles, rendent la tâche d’autant plus ardue. Explications.

Pénurie de main-d’œuvre : un frein à la capacité de défense

La résurgence des conflits et l’augmentation de la production d’armements ont considérablement accru les besoins en main-d’œuvre qualifiée dans l’industrie de la défense. Les entreprises, qu’elles soient civiles ou militaires, rencontrent des difficultés à recruter les ingénieurs et techniciens capables de répondre à cette demande croissante.

Pour de nombreux spécialistes, la pénurie de compétences compromet la capacité de production et d’innovation de la filière et met en péril sa contribution à la sécurité nationale.

Le salon Eurosatory, qui se tient chaque année à Villepinte, incarne parfaitement cette recherche de talents. Cet événement réunit les principaux acteurs de l’industrie de la défense et constitue une plateforme privilégiée pour le recrutement et la valorisation des métiers du secteur.

Avec un tissu dense de 4 000 entreprises, PME et ETI réparties sur l’ensemble du territoire, ce dernier génère 225 000 emplois et contribue à la vitalité des bassins d’emploi dans toutes les régions.

Un contexte concurrentiel complexe

La concurrence des GAFAM, les géants du numérique, complexifie davantage le recrutement des profils spécialisés. L’image moderne et les conditions de travail attractives proposées par ces entreprises attirent de nombreux jeunes diplômés.

Pour surmonter ce défi, il revient aux acteurs concernés de repenser leur stratégie de recrutement et de gestion des talents. Mettre en avant la raison d’être des missions, valoriser les métiers et les technologies de pointe, et souligner l’impact concret sur la sécurité nationale et la souveraineté sont des éléments clés pour obtenir l’adhésion des candidats.

L’adaptation des pratiques de management et des conditions de travail aux attentes des nouvelles générations est également indispensable. La flexibilité, l’autonomie, l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle et les possibilités de développement professionnel sont autant de leviers à mobiliser.

À ce propos, le portage salarial représente une solution pertinente pour l’industrie de la défense. Ce modèle d’emploi permet aux entreprises d’accéder à un vivier de talents qualifiés et de flexibiliser leur organisation du travail. Elles peuvent ainsi répondre à des besoins ponctuels ou spécifiques sans avoir à embaucher des salariés en CDI.

Un partenariat multipartite pour une réponse collective

Le défi du recrutement dans la filière défense ne peut être relevé qu’en s’appuyant sur un partenariat étroit entre les entreprises, les institutions et les territoires. Le déploiement de formations adaptées aux besoins spécifiques du secteur, la promotion des métiers de la défense auprès des jeunes et la création d’écosystèmes locaux favorables à l’implantation et au développement des entreprises restent des pistes d’action envisageables.

De nombreuses initiatives prometteuses sont menées pour attirer des talents vers l’industrie de la défense. Avec son espace métier, le salon Eurosatory constitue d’ores et déjà une opportunité précieuse pour les employeurs de rencontrer des candidats potentiels et de promouvoir leurs offres d’emploi.

Par ailleurs, le gouvernement français a mis en place plusieurs mesures pour soutenir le recrutement dans ce secteur stratégique, telles que la création d’un service militaire volontaire de longue durée (SVMLD) dédié à l’industrie de la défense et le développement de partenariats avec les écoles et les universités.

D’une durée de 3 à 5 ans, celui-ci permet aux volontaires d’acquérir des compétences précieuses et une expérience concrète dans des domaines, tels que la maintenance, l’électronique, l’informatique ou encore la mécanique.