Pour compenser les effets de l’inflation, la plupart des entreprises ont revalorisé les salaires. Dans l’économie sociale et solidaire (ESS) et les organisations à impact, l’augmentation a été d’environ 8 % sur deux ans pour les cadres. C’est ce que révèle le baromètre 2024 dédié à ces secteurs, réalisé conjointement par Jobs that make sens, Orientation durable et On purpose. Cependant, ils restent inférieurs à ceux pratiqués dans l’économie traditionnelle, et les inégalités de genre persistent.
Un différentiel négatif de 17 % par rapport à l’économie traditionnelle
Les salaires médians, incluant les parts fixe et variable, mentionnés dans le baromètre ont été comparés aux résultats d’une étude menée par l’Apec (association pour l’emploi des cadres) sur 111 familles de métiers. Il apparait qu’ils se situent à 17 % en dessous de ceux relevés l’année dernière.
Néanmoins, de fortes disparités sont observées selon les branches d’activités. Dans le développement commercial, les cadres exerçant dans l’ESS et l’impact perçoivent 40 525 euros par an. Dans l’économie classique, ils peuvent espérer jusqu’à 61 000 euros pour les professionnels du développement commercial (+32 %) et 60 000 euros pour les managers commerciaux (+34 %).
L’écart est également important (23 %) dans le domaine de l’accompagnement des publics, avec 27 600 euros brut annuels du côté des secteurs en question, contre 36 000 euros au sein de l’économie classique. De même, il est de 20 % pour les professionnels de la gestion de projets marketing et de marketing digital, puisqu’il atteint 48 000 euros pour les métiers traditionnels.
La différence tend à se réduire (9 %) dans les domaines de la communication et le marketing, où l’APEC relève un salaire médian brut de 42 000 euros par an, tandis que le baromètre indique 38 400 euros.
Les inégalités sont en revanche moindres dans les fonctions RH (moins de 2 %). En effet, selon les données de l’ESS et de l’impact, le salaire médian est estimé à 44 000 euros brut annuels. Or, l’enquête de l’Apec montre qu’il s’établit 43 000 euros pour les cadres RH généralistes et à 45 000 euros pour les spécialistes du recrutement et de la gestion de carrière.
Le poste de responsable des ressources humaines fait exception avec un différentiel de 17 % en faveur des employés des entreprises interrogées, qui touchent 53 000 euros brut par an en salaire médian.
Des inégalités liées au genre et au secteur géographique
La « grande démission », qui a entraîné une pénurie de talents dans de nombreux domaines, n’a pas épargné les métiers de l’ESS. Un impact sur le salaire médian est constaté en conséquence, mais de manière hétérogène selon les secteurs et les fonctions.
L’augmentation entre 2022 et 2024 atteint un pic à 16 % pour les cadres travaillant dans la protection de l’enfance et la transition écologique. Elle est de 8 % pour ceux œuvrant dans l’éducation populaire et la jeunesse, à égalité avec la révision générale observée entre 2022 et 2024. Elle est plus élevée dans la finance responsable (9 %), mais plus modérée sur le segment de l’insertion professionnelle (7 %), ainsi que celui de l’emploi et la formation (5 %). En revanche, le secteur médico-social n’a bénéficié d’aucune hausse salariale sur la période.
Malgré les revalorisations, Jobs that make sens, Orientation Durable et On purpose déplorent des inégalités de genre persistantes dans l’ESS.
- D’une part, les femmes restent sous-représentées au sein des équipes dirigeantes, en contradiction avec les principes d’équité et de justice sociale défendus par l’ESS.
- D’autre part, leur rémunération est de 19 % inférieure à celle des hommes, un chiffre significatif, bien que plus faible que celui relevé dans l’économie conventionnelle (25 %).
Le facteur géographique a également une influence déterminante. L’Île-de-France se distingue avec un salaire de 60 255 € en moyenne pour un directeur(-trice) général(e). De même, le type de structure employeuse explique certaines variations.
Les sociétés de mutuelle sont les plus généreuses, accordant 68 479 euros brut par an à leurs cadres. À l’autre extrémité du tableau se trouvent la coopérative (40 555 euros) et l’association (hors ONG et réseau) qui paie 42 117 euros annuels.
Pour réduire ces écarts et se rémunérer à la hauteur de leurs compétences, de nombreux cadres adoptent le statut d’indépendant, en portage salarial.
Cette forme d’emploi séduit tout particulièrement les actifs en reconversion, en fin de carrière, et même les seniors, que la loi autorise à cumuler des revenus professionnels avec leur pension.
Fixer soi-même son Taux Journalier Moyen pour obtenir son salaire en portage salarial constitue un atout de taille pour cette forme d’emploi, tout comme la liberté dans le choix de ses missions et la gestion de son temps. Les salariés portés évitent par ailleurs le risque financier lié à la création d’une entité légale distincte, ainsi que les obligations administratives, qui sont entièrement prises en charge par l’entreprise de portage.