Après des mois de tractations acharnées, les négociations sur l’emploi des seniors en France se sont soldées par un échec. Déçus par le manque d’avancées concrètes, les syndicats ont refusé de signer l’accord proposé par le Medef. Ils remettent en cause la réforme de la convention d’assurance chômage négociée en automne dernier. Cette impasse plonge l’avenir de l’emploi des seniors dans l’incertitude et ouvre la voie à de nouvelles concertations sous l’égide du gouvernement.
Des négociations infructueuses : vers un statu quo ?
Malgré des efforts considérables, les partenaires sociaux n’ont pas réussi à trouver un terrain d’entente sur les mesures destinées à améliorer l’employabilité des seniors.
Les syndicats ont déploré le manque d’ambition du texte final, qui, selon eux, ne crée « aucun droit nouveau pour les salariés ».
Ils espéraient notamment obtenir la création d’un droit à la retraite progressive, mesure jugée trop coûteuse par le Medef et le gouvernement.
Les discussions semblent avoir été marquées par une rigidité apparente de la part du Medef, critiqué par les syndicats pour avoir tenté de manipuler les pourparlers à son avantage afin de l’éviter.
L’absence d’avancées significatives a conduit les syndicats à camper sur leurs positions initiales, rendant impossible tout compromis.
Un avenir incertain pour la convention Unédic
Le refus des syndicats de signer l’accord proposé par le Medef remet en cause l’avenir de la convention d’assurance chômage négociée en novembre dernier. Cette convention, qui conditionnait son entrée en vigueur à la signature d’un accord sur l’emploi des seniors, risque de ne jamais voir le jour.
Ce nouveau revers dans les négociations devrait conduire à une nouvelle intervention du gouvernement. Alors qu’il s’était engagé à retranscrire dans la loi l’accord en cas de succès, l’exécutif se retrouve désormais contraint de reprendre la main et de fixer un nouveau cap pour l’emploi des seniors.
Une nouvelle lettre de cadrage pour un nouveau départ
Le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé l’envoi d’une nouvelle lettre de cadrage aux partenaires sociaux afin d’ouvrir la voie à de nouvelles négociations. Celle-ci devrait définir les contours des prochaines discussions et les objectifs à atteindre en matière d’emploi des seniors.
Soucieux de réduire le déficit public, le gouvernement devrait conditionner les nouvelles négociations à des économies sur l’assurance chômage. Cette perspective risque de susciter des tensions entre les partenaires sociaux et d’allonger encore le processus de négociation.
Pour les travailleurs seniors en transition vers la retraite et le portage salarial constitue une alternative flexible. En permettant aux professionnels expérimentés de continuer à travailler de manière autonome tout en bénéficiant de la protection sociale d’un salarié, ce modèle d’emploi offre une solution adaptée pour prolonger leur activité professionnelle tout en préparant sereinement leur départ à la retraite.
Le Compte épargne-temps universel mis à l’écart
Promu par la CFDT, le Compte épargne-temps universel (Cetu) n’a pas trouvé sa place dans l’accord final sur l’emploi des seniors.
Ce dispositif, qui permettait aux actifs de convertir des jours de congé ou de repos non pris en rémunération ou de partir à la retraite de manière anticipée, pourrait toutefois faire l’objet d’une négociation séparée prochainement à l’initiative de l’U2P.
Vers un durcissement des conditions d’indemnisation des chômeurs
En marge de ces discussions, le Premier Ministre a d’ores et déjà annoncé sa volonté de durcir davantage les conditions d’indemnisation des chômeurs. Justifiée par la nécessité d’inciter davantage les demandeurs d’emploi à reprendre un travail, cette mesure risque d’être mal accueillie par les syndicats, déjà insatisfaits de l’issue de ces rencontres.
Ils pourraient y voir une volonté du gouvernement de réduire la charge de l’assurance chômage sur le dos des plus vulnérables, d’autant plus que les nouvelles négociations s’annoncent âpres, avec des économies demandées sur ce même budget.