Le débat sur la création d’un nouveau congé pour les parents de nourrissons a été relancé ce mercredi 15 mai. La ministre déléguée chargée de l’enfance, Sarah El Haïry, a réuni syndicats, représentants d’entreprises, associations et acteurs de la garde d’enfants pour discuter du futur « congé de naissance » annoncé par le gouvernement. Cette initiative intervient à un moment où la natalité en France est en baisse, et vise à offrir un soutien accru aux nouveaux parents.
Une consultation pour servir un objectif affiché : la natalité
La réunion a permis aux différents intervenants d’exprimer leurs préoccupations avant d’aborder les détails de ce nouveau droit, qui est en préparation depuis plusieurs mois. Cette consultation doit s’assurer que le congé répondra aux besoins réels des familles. Les discussions se poursuivront dans les mois à venir, l’objectif étant d’intégrer ce congé dans le prochain budget de la Sécurité Sociale d’ici la fin de l’année.
Emmanuel Macron a souligné dans une interview au magazine « Elle » l’importance de cette initiative pour inverser la tendance à la baisse des naissances en France. Le projet prévoit un congé de trois mois pour le père et trois mois pour la mère, en plus des congés maternité et paternité existants. Ce congé serait indemnisé à hauteur de 50 % du salaire, avec un plafond de 1.900 euros.
Bruno Lamy, représentant de la CFDT, a salué cette initiative comme « un progrès ». Cependant, plusieurs participants à la réunion ont exprimé des réserves. Certains ont plaidé pour un congé de naissance plus long ou pour la mise en place d’une rémunération plancher. Pour les salariés à temps partiel ou à faibles revenus, une indemnisation plafonnée à la moitié du salaire pourrait être insuffisante et dissuasive.
Les moyens financiers prévus pour ce nouveau droit restent flous. Selon certaines estimations, ils pourraient s’élever à plusieurs centaines de millions d’euros. Cette incertitude budgétaire suscite des inquiétudes quant à la faisabilité et à la durabilité du projet.
La nécessité du développement des solutions de garde
La question des solutions de garde a également été abordée. Les intervenants ont souligné l’importance de maintenir la prestation partagée du jeune enfant, actuellement versée aux parents d’un enfant de moins de trois ans qui cessent ou réduisent leur activité professionnelle. Cette prestation est essentielle pour de nombreuses familles, et l’exécutif s’est montré ouvert à cette avancée.
Les propositions sur la possibilité de transférer les droits à congé entre parents, ainsi que sur des dispositions spécifiques pour les parents de jumeaux ou d’enfants handicapés ont été évoquées. Elles visent à offrir une plus grande flexibilité aux familles et à répondre à des situations particulières. Une telle flexibilité pourrait rendre le congé de naissance plus accessible et mieux adapté aux besoins diversifiés des familles.
De plus, les participants ont insisté sur l’importance de créer davantage de places en crèches et autres structures de garde pour permettre aux parents de reprendre leur activité professionnelle sereinement après un congé de naissance. La Fepem, la fédération des particuliers employeurs, a notamment insisté sur le fait qu’il ne faut pas dissocier cette réforme du développement du service public de la petite enfance.
En effet, sans une offre de garde d’enfants adéquate, de nombreux parents pourraient être contraints de réduire leur activité professionnelle de salarié, de travailleur indépendant et en portage salarial ou bien de renoncer à travailler, ce qui pourrait annuler les bénéfices potentiels du congé de naissance. Un investissement substantiel dans les infrastructures de garde d’enfants est donc essentiel pour le succès de cette réforme.
L’introduction d’un nouveau congé pour les parents de nourrissons représente une avancée significative dans le soutien aux familles. Cependant, la question de l’indemnisation et de la durée du congé doit être résolue de manière à ce qu’il soit accessible et bénéfique pour toutes les familles. Avec une mise en œuvre réfléchie et un soutien financier adéquat, ce congé pourrait représenter un véritable progrès pour les familles françaises.