La question de la suppression du CDD revient régulièrement dans le débat public, souvent présentée comme une solution pour lutter contre la précarité de l’emploi. Cependant, cette proposition soulève de nombreuses interrogations, notamment sur ses impacts potentiels sur le CDI, le contrat de travail à durée indéterminée synonyme de sécurité de l’emploi.
Un risque d’assouplissement du CDI ?
Liêm Hoang-Ngoc, économiste et ancien député européen, met en garde contre les dangers d’une suppression du CDD qui pourrait servir d’alibi à un assouplissement du CDI.
Il pointe du doigt l’idée de la « flexicurité », promue par certains économistes, qui combine un CDI assoupli avec des périodes de « transition » indemnisées.
Inspiré du Danemark, ce modèle s’accompagne souvent d’une réduction de la durée et du montant des indemnités de chômage, ce qui fragilise les salariés en cas de perte d’emploi.
Selon l’ancien député,
Le CDD joue un rôle important dans un marché du travail où la norme reste le CDI. Il permet aux entreprises de boucher les trous en cas de besoin ponctuel, comme une maladie ou un pic d’activité saisonnier.
Les données montrent que le stock des emplois stables en CDI représente toujours près de 85 % de l’emploi total et que la durée moyenne d’ancienneté dans l’emploi dépasse 11 ans.
Pas de suppression du CDD, mais pas de renforcement non plus !
L’économiste estime qu’
il n’est pas nécessaire de renforcer le CDD tant que sa fonction première est de donner de la souplesse aux employeurs pour faire face aux variations conjoncturelles de l’activité.
Le problème en France, selon lui, réside davantage dans le volume insuffisant de l’emploi, conséquence des choix économiques et industriels des dernières décennies.
Le CDI de chantier : une alternative valable ?
Le CDI de chantier, qui dure le temps d’une opération ou d’un « chantier », est parfois présenté comme une alternative au CDD.
Cependant, Liêm Hoang-Ngoc y voit une forme de flexibilisation du CDI, ouvrant la porte à une multitude de contrats à durée indéterminée aux contours flous.
L’exemple espagnol : une illustration des limites de la flexibilisation
En 2022, l’Espagne a choisi de restreindre le recours au CDD, ce qui a entraîné une hausse des signatures de CDI. Cependant, cette évolution s’explique surtout par la sortie de la crise du Covid-19 et les politiques publiques de soutien à l’emploi.
Selon l’économiste, « la meilleure protection pour les salariés reste de maintenir une législation protectrice de l’emploi à temps plein et à durée indéterminée, tout en limitant le recours au CDD pour des besoins ponctuels ».
Pourquoi l’assouplissement du CDI est-il une idée populaire à droite ?
La flexibilisation du marché du travail est souvent plébiscitée par la droite, qui y voit un moyen de stimuler la création d’emplois.
Cependant, Liêm Hoang-Ngoc rappelle que
L’absence de règles ne garantit pas une croissance de l’emploi.
L’exemple de la grande dépression des années 1930, marquée par un marché du travail extrêmement flexible, en est la preuve.
Le portage salarial : le compromis idéal pour les travailleurs indépendants
Le portage salarial offre une solution intéressante pour les travailleurs indépendants qui souhaitent bénéficier de la protection du statut de salarié tout en conservant leur autonomie. Cette forme d’emploi hybride permet de facturer ses prestations en tant que salarié porté, tout en étant accompagné par une société de portage salarial qui s’occupe de toutes les tâches administratives et comptables.
Cette solution peut être particulièrement avantageuse pour les professionnels indépendants désireux de se concentrer sur leur cœur de métier et de se décharger des contraintes liées à la gestion d’une entreprise.
De plus, elle est facile à mettre en œuvre, le salarié n’ayant pas à passer par la phase entretien d’embauche. Il lui suffit de signer un contrat de portage avec la société proposant ce service. Avec cette formule, le choix entre un CDD ou un CDI ne se pose plus puisque le travailleur garde son indépendance.