Après un net regain d’optimisme en début 2022 au lendemain de la crise sanitaire, le moral des grands patrons est retombé à son plus bas niveau depuis 2012. C’est ce que révèle le 19e baromètre des 100 plus grandes entreprises réalisé par Eurogroup Consulting, BFM Business et L’Express. Ce contexte morose et un avenir incertain risquent de peser sur leur confiance en 2024.
Les risques majeurs identifiés par les patrons pour 2024
Le président d’Eurogroup Consulting, Gilles Bonnenfant, s’alarme du fait que 50 % des dirigeants ignorent comment l’économie va évoluer cette année.
Plusieurs sujets de préoccupation ressortent du sondage, dans la continuité de 2023 :
- l’inflation ;
- le contexte géopolitique mondial ;
- la flambée des prix de l’énergie ;
- la remontée brutale des taux d’intérêt ;
- les problèmes d’approvisionnement ;
- les risques cyber.
Tous ces facteurs incitent les patrons à faire preuve d’une grande vigilance, quels que soient leur secteur et leur taille. En effet, outre les leaders du CAC 40 et une sélection du SBF 120, cette étude annuelle a rassemblé d’importantes sociétés familiales, ainsi que plusieurs ETI et PME bien connues sur le marché français.
La rentabilité, priorité des dirigeants pour 2024
Fait inédit depuis 2012, le pourcentage de sondés qui prévoient un ralentissement de l’activité, en France et à l’étranger, est supérieur à celui des patrons qui espèrent une croissance.
À peine 8 % affichent un réel optimisme, alors que 15 % se montrent véritablement pessimistes.
Plus que jamais, préserver sa rentabilité est vital, afin de résister aux chocs, qu’ils aient été anticipés ou non. La conséquence logique, pour près de la majorité, est la recherche d’économies maximales sur le coût de production et le maintien des marges. Pour atteindre ces objectifs prioritaires de 2024, les grandes entreprises freinent sur les embauches et l’investissement, poursuivant un mouvement initié en 2023.
Le recrutement et la fidélisation des talents, des enjeux prioritaires
En matière d’embauche, plus de la moitié des entreprises peinent par ailleurs à trouver les profils dont elles ont besoin. De nombreux métiers en portage salarial sont actuellement sous tension parmi les experts IT, les professionnels du bâtiment et de la santé, les aides à domicile, certains ouvriers et artisans qualifiés…
Afin d’attirer les candidats et fidéliser les collaborateurs en place, le bien-être et l’engagement sont deux sujets clés.
Car si 8 dirigeants sur 10 après la pandémie saluaient « l’engagement remarquable » de leurs collaborateurs, ils ne sont plus que 40 % à se dire aujourd’hui satisfaits, ce qui explique le caractère central de cet enjeu pour cette année. Pour cela, la formation a un rôle essentiel à jouer, et la part des patrons qui l’inscrivent en tête de leur stratégie pour 2024 a augmenté de 12 points sur un an. Cette progression traduit la reconnaissance de l’importance du développement des compétences et de l’épanouissement professionnel pour garder ses talents.
Désormais, les questions de ressources humaines s’imposent devant deux enjeux pourtant considérés comme de premier ordre jusqu’à l’année dernière :
- la transition écologique et énergétique,
- la transition numérique.
Selon cette dernière édition du Baromètre, seulement 14 % et 9 % des patrons les considèrent comme des défis à relever à court terme, contrairement à l’année dernière.