La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a lancé un appel aux syndicats et au patronat pour reprendre les discussions sur l’assurance-chômage et l’emploi des seniors, des dossiers critiques pour l’avenir du marché du travail français. Les règles actuelles d’indemnisation des chômeurs seront prolongées à priori jusqu’au 31 décembre 2024.

 

Un nouveau cycle de négociations pour l’assurance-chômage

L’invitation de la ministre du Travail a réactivé des discussions que beaucoup croyaient au point mort. En effet, les négociations sur l’assurance-chômage, bien que suspendues, n’ont jamais été totalement abandonnées. Désormais, elles s’inscrivent dans un contexte marqué par l’urgence de trouver un terrain d’entente avant la fin de l’année, moment où les règles actuelles d’indemnisation des chômeurs arrivent à expiration.

Depuis la réforme de l’assurance-chômage, les partenaires sociaux se retrouvent avec la responsabilité de proposer un nouveau cadre d’indemnisation. Cet effort repose sur un compromis trouvé en novembre 2023, mais qui n’a pas été ratifié par le précédent gouvernement. Ce texte proposait des ajustements prenant en compte la réforme des retraites, notamment le décalage des bornes d’âge pour une indemnisation accrue des seniors. Toutefois, cette avancée reste insuffisante pour les syndicats, qui refusent de durcir les conditions pour les seniors sans de réelles garanties sur leur maintien en emploi.

Le gouvernement, pour sa part, a choisi de prolonger provisoirement les règles d’indemnisation en publiant un décret de jointure. Ce dernier assure une transition jusqu’au 31 décembre, mais laisse la pression sur les épaules des partenaires sociaux pour aboutir à un nouvel accord durable avant cette échéance.

 

L’emploi des seniors au cœur des négociations

L’un des enjeux majeurs de cette renégociation concerne l’emploi des seniors. La réforme des retraites, qui a reculé l’âge légal de départ à 64 ans, a également modifié les conditions d’accès à l’assurance-chômage pour cette population. La question de l’accompagnement des seniors dans l’emploi devient donc primordiale. Les syndicats exigent des garanties solides sur les dispositifs de maintien dans l’emploi avant d’accepter de nouvelles restrictions sur les indemnités chômage pour les plus âgés.

Un des points de convergence semble être l’amélioration des conditions d’accès à la retraite progressive, une demande unanime des syndicats. Ce dispositif permet aux salariés de réduire progressivement leur activité tout en préparant leur transition vers la retraite. Selon la ministre du Travail, cette amélioration fait partie des concessions possibles dans le cadre des discussions à venir. Elle rappelle dans sa lettre adressée aux partenaires sociaux que le gouvernement est ouvert à un assouplissement des règles, notamment sur l’âge minimal pour en bénéficier.

Le patronat, de son côté, s’efforce également de déblayer le terrain. Patrick Martin, président du Medef, a évoqué la possibilité d’un compromis sur plusieurs aspects, notamment l’ouverture de la retraite progressive dès 60 ans, un point essentiel pour les syndicats. Toutefois, certaines conditions, telles que le maintien du nombre minimal de trimestres ou le droit pour l’employeur de s’opposer à cette transition, demeurent au centre des débats.

 

Les défis financiers : compenser 400 millions d’euros

Outre les questions sociales et les ajustements de l’indemnisation, les partenaires sociaux se heurtent à un obstacle majeur : le financement. Le coût estimé des mesures liées à l’emploi des seniors, notamment l’assouplissement de la retraite progressive, est évalué entre 300 et 400 millions d’euros par an. Dans un contexte de contraintes budgétaires, le gouvernement demande aux partenaires sociaux de compenser cette dépense par des économies ailleurs, notamment dans les allocations chômage.

Ce point fait l’objet de discussions tendues, car il nécessite des sacrifices potentiels sur d’autres aspects de la protection sociale. Parmi les pistes envisagées pour réaliser ces économies, l’indemnisation des travailleurs transfrontaliers et les aides aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprises sont évoquées.

L’objectif du gouvernement est de parvenir à un nouvel accord avant la mi-novembre, afin de laisser suffisamment de temps pour son agrément avant la fin de l’année. Cette échéance met une pression supplémentaire sur les partenaires sociaux, qui doivent composer avec des attentes divergentes tout en respectant les contraintes budgétaires imposées par l’État.

Le retour à la table des négociations entre les partenaires sociaux sur les questions du chômage et de l’emploi des seniors s’annonce comme une étape clé pour l’avenir du marché du travail en France.