Le projet de loi de finances pour 2025, présenté le 10 octobre par le gouvernement, a fait couler beaucoup d’encre. Avec une dette publique en constante augmentation, l’État se voit contraint de prendre des mesures drastiques pour stabiliser ses comptes. Hausses d’impôts, réduction des dépenses publiques, et ajustements budgétaires sont au programme. Décryptage.

 

Les mesures envisagées pour réduire le déficit

La dette publique française continue de s’alourdir, atteignant un niveau sans précédent. Le déficit pour 2024 est estimé à 6,1 %, et la situation ne semble pas s’améliorer pour 2025. Malgré des efforts pour stabiliser les finances, l’État peine à se défaire de la spirale de l’endettement. En effet, le déficit budgétaire reste proche des niveaux atteints durant la crise sanitaire, avec un chiffre astronomique de 166,6 milliards d’euros, soit plus du double des chiffres de 2019. Une telle situation impose des ajustements rigoureux dans la gestion des finances publiques.

Pour ramener le déficit à 5 %, l’exécutif prévoit un effort budgétaire colossal, estimé entre 42 et 60 milliards d’euros selon les différentes sources. Parmi les principales mesures, on note une hausse des impôts de 19 à 30 milliards d’euros, notamment via une augmentation des taxes sur l’électricité, une option qui ne manquera pas de soulever des débats houleux au Parlement. En parallèle, le gouvernement souhaite freiner les dépenses publiques sans entrer dans une « cure d’austérité », une ambition délicate à tenir dans un contexte déjà tendu.

 

Hausses des taxes et des impôts : des débats houleux en perspective

La question des hausses d’impôts reste au cœur des discussions entourant le budget 2025. Le gouvernement affirme que les impôts ne constituent pas le principal levier pour réduire le déficit, avec une hausse limitée à 19 milliards d’euros. Toutefois, le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) conteste cette approche en réévaluant le montant total à 30 milliards d’euros, ce qui représenterait plus de 50 % de l’effort budgétaire total.

Quant à elle, la hausse significative des taxes sur l’électricité, qui pourrait rapporter 6 milliards d’euros, cristallise les tensions. Cette mesure est jugée particulièrement impopulaire, notamment en raison de l’impact qu’elle pourrait avoir sur les ménages les plus modestes. L’opposition politique ainsi que certains députés du camp présidentiel s’inquiètent de l’effet déstabilisateur de cette hausse sur le pouvoir d’achat, ce qui pourrait mettre en péril l’adoption du budget.

D’autres secteurs risquent également d’être affectés, notamment les entreprises, pour lesquelles la pression fiscale continue d’augmenter. Le débat autour des hausses d’impôts pose donc une question de fond sur les limites de l’augmentation des taxes sans compromettre la relance économique.

 

Des coupes budgétaires ambitieuses mais incertaines

L’autre grand volet de ce projet de loi de finances repose sur une réduction significative des dépenses publiques. Le ministre des Finances, Antoine Armand, a promis un coup de frein majeur sur les dépenses de l’État, visant une baisse de 1,1 % en volume, hors charge de la dette. Cependant, les détails de ces coupes demeurent flous, ce qui suscite des critiques, notamment de la part du HCFP.

L’un des points centraux de cette stratégie est la réduction des effectifs de la fonction publique, avec 2 200 suppressions de postes prévues, principalement dans l’Éducation nationale. De plus, des économies supplémentaires seront réalisées grâce à une diminution des crédits alloués aux ministères, à hauteur de 15 milliards d’euros, avec une réduction de la réserve de précaution. Cependant, ces réductions budgétaires ne se feront pas sans résistance. Déjà, certains ministères, comme celui de la Justice et de l’Intérieur, ont obtenu des dérogations, ce qui laisse planer le doute sur la capacité du gouvernement à maintenir une ligne rigoureuse.

 

La charge de la dette : une pression croissante

En parallèle des efforts pour réduire les dépenses courantes, la charge de la dette s’alourdit inexorablement. Pour 2025, cette dernière devrait atteindre près de 55 milliards d’euros, en hausse de 4 milliards par rapport à 2024. À long terme, la situation est encore plus inquiétante : les projections indiquent que la charge de la dette pourrait atteindre 69,6 milliards d’euros d’ici 2027, dépassant alors tous les autres postes budgétaires. Cette dynamique représente une véritable épée de Damoclès pour les finances publiques, et risque de compromettre les efforts du gouvernement pour équilibrer les comptes.

Si le gouvernement insiste sur la nécessité d’adopter des mesures drastiques pour contenir la dette, ces décisions risquent de provoquer des frictions importantes au sein de l’Assemblée nationale et dans l’opinion publique. Entre la hausse des impôts, les coupes budgétaires et une charge de la dette qui ne cesse d’augmenter, les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir des finances publiques françaises. Reste à savoir si ces choix, certes impopulaires, permettront véritablement de redresser la barre. Le débat est ouvert.