La mise en place du SMIC avait pour objectif d’assurer un revenu minimal aux travailleurs. Bien que souvent revu à la hausse, certains salariés ayant de l’ancienneté continuent à le percevoir. Divers motifs l’expliquent. Explications.
Un nombre croissant de « smicards »
Le SMIC a fait couler beaucoup d’encre au cours des derniers mois. Lors des récentes campagnes législatives, le Nouveau Front Populaire s’était engagé à augmenter le salaire minimal à 1600 €. Le locataire sortant de Matignon, Gabriel Attal souhaitait procéder à une « désmicardisation », tandis que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait laissé entendre une revalorisation du SMIC avec une aide de l’état. Ces différentes annonces avaient été faites dans le cadre d’une amélioration du pouvoir d’achat des français dans le contexte inflationniste qui perdure depuis plusieurs années maintenant.
L’intérêt porté au salaire minimum est aussi dû en partie à la hausse constante du nombre de travailleurs qui sont payés au SMIC ou à un niveau similaire. Si 12 % des salariés percevaient cette rémunération en 2021, ce pourcentage est passé à 14,5 % en 2022 et 17,3 % au début de l’année dernière.
Un salaire régulièrement revu à la hausse
Le SMIC est, en principe, systématiquement augmenté tous les 1er janvier. D’autres majorations peuvent être appliquées en cours d’année en fonction des circonstances et du contexte économique. Indexé sur l’inflation, son montant est calculé pour « suivre » la hausse des prix à la consommation et pour préserver le pouvoir d’achat des travailleurs. La prochaine révision devrait avoir lieu à la rentrée.
Cependant, ces revalorisations n’empêchent pas de nombreuses personnes de percevoir cette rémunération de référence ou un montant similaire à celui-ci. La raison de ce phénomène réside dans le fait que le bas des grilles appliquées dans certains domaines est égal au SMIC. De ce fait, lorsque ce dernier fait l’objet d’une hausse, même si les travailleurs bénéficient d’une augmentation, la somme qu’ils touchent ne diffère pas de celui des « smicards ».
Les revalorisations pénalisent les employeurs
L’autre raison qui bloque les rémunérations de nombreux français au niveau du salaire minimum interprofessionnel de croissance se trouve dans le système de cotisations patronales. En effet, l’obligation de suivre le mouvement à chaque hausse du SMIC revient trop cher aux entreprises, notamment aux petites et moyennes structures. Avec toutes les contributions sociales qui leur sont imposées, une augmentation de 100 € coûte au final 483 € à l’employeur selon les conclusions du rapport 2023 du groupe d’experts indépendants sur le Smic.
Par ailleurs, appliquer des salaires supérieurs au SMIC diminue les possibilités pour les entreprises de profiter des exonérations de charges sociales. En effet, ces réductions sont proportionnelles aux rémunérations versées. Plus précisément, des montants similaires ou proches du SMIC permettent de bénéficier d’abattements plus importants. En gardant les salaires aux alentours du SMIC, les employeurs peuvent faire des économies substantielles.
Certains secteurs peuvent être désavantagés
Une revalorisation du SMIC aurait également des impacts considérables dans différents secteurs d’activités. Le bas des salaires dans les grilles appliquées par les domaines qui pratiquent des rémunérations inférieures au SMIC risque en effet de subir un fléchissement. Ce problème peut concerner entre autres les travailleurs de la distribution directe et les employés et agents de maîtrise des commerces de quincaillerie, fournitures industrielles, fers, métaux et équipement de la maison. Pour les secteurs dont ils dépendent, les grilles présentent encore des montants qui sont en deçà du salaire minimum interprofessionnel de croissance.