La question des salariés aidants devient de plus en plus présente dans le monde du travail. Ces salariés apportent un soutien régulier à un proche en perte d’autonomie, tout en menant de front leur carrière professionnelle. En 2030, un salarié sur quatre sera dans cette situation, ce qui soulève des enjeux importants pour les entreprises. Face à ces défis, les entreprises se doivent de mieux les accompagner. Décryptage.
Un défi croissant pour la vie professionnelle et personnelle
Un salarié aidant est défini comme une personne qui, en plus de son activité professionnelle, s’occupe de manière régulière d’un proche en perte d’autonomie, qu’il s’agisse d’un parent âgé, d’un conjoint malade, ou d’un enfant en situation de handicap. Selon l’étude OCIRP/Viavoice de 2024, la France compte 5 millions de salariés aidants, soit environ 20 % de la population active. Avec l’allongement de l’espérance de vie et l’évolution démographique, ce chiffre ne fera qu’augmenter, soulignant l’urgence de mettre en place des dispositifs adaptés pour cette population spécifique.
Soutenir un proche a un impact direct sur la vie professionnelle des salariés concernés. En effet, 30 % des salariés aidants déclarent que leur situation a des répercussions négatives sur leur efficacité, la qualité de leur travail, ainsi que sur leur organisation. Ce chiffre atteint même 40 % chez les moins de 30 ans, révélant une pression encore plus importante pour les jeunes aidants. Cette situation entraîne des difficultés telles que l’absentéisme, une baisse de productivité ou encore une détérioration de la santé mentale.
Quels aménagements pour soutenir les aidants ?
Face à ces défis, plusieurs solutions émergent pour accompagner les salariés aidants dans leur quotidien professionnel.
- Flexibilité et aménagement des horaires
Le temps est la ressource la plus précieuse pour les aidants. Un des dispositifs les plus plébiscités est l’aménagement des horaires de travail, permettant aux aidants de mieux concilier vie professionnelle et temps consacré à un proche
- Congés spécifiques pour les aidants
La mise en place de congés pour aidants est également une solution efficace. D’autres initiatives, comme les fonds de solidarité et les partenariats avec des « care managers », offrent un soutien moral et logistique aux salariés en difficulté.
Les freins à l’aidance en entreprise
Malgré ces dispositifs, l’étude OCIRP/Viavoice révèle une réticence persistante des salariés à se déclarer aidants. Seulement 29 % des salariés aidants en parlent à leur employeur. Ce silence s’explique par la crainte d’être stigmatisés ou que leur carrière en soit impactée. Les managers et DRH ont également une vision plus sévère des conséquences de l’aidance sur la productivité, renforçant cette réticence. Pourtant, 94 % des aidants estiment qu’ils entretiennent de bonnes relations avec la personne qu’ils assistent, mais ils pointent également une charge mentale accrue.
Le rôle du dialogue social
L’implication des partenaires sociaux est un autre aspect essentiel pour améliorer la situation des salariés aidants. Les syndicats et les représentants patronaux estiment que la négociation collective au sein des branches professionnelles est une solution efficace pour formaliser les droits des aidants. Cela inclut des discussions sur l’aménagement du temps de travail, l’accès à des services spécialisés ou encore la création de congés spécifiques rémunérés. Ces actions favorisent la reconnaissance officielle des salariés aidants et réduisent les risques d’épuisement professionnel.
La labellisation, une solution efficace ?
Le label Cap’Handéo, décerné aux entreprises engagées dans le soutien des salariés aidants, est perçu comme un levier puissant pour favoriser l’inclusion. Ce label permet de structurer une politique d’accompagnement dans la durée, offrant des solutions adaptées et visibles pour les salariés.
L’avenir des salariés aidants repose sur la reconnaissance et l’accompagnement efficace par leurs employeurs. Si certains dispositifs sont déjà en place, comme les aménagements horaires ou les congés spécifiques, l’étude montre que 66 % des aidants jugent utile l’instauration d’un label ou d’un dispositif de soutien dédié. Les efforts doivent encore être renforcés pour répondre aux attentes croissantes de cette population. Mettre en place des dispositifs adaptés permet non seulement de soutenir ces salariés, mais aussi de renforcer la cohésion et la productivité en entreprise.