Le marché immobilier français est confronté à une crise sans précédent. La conjugaison d’une offre insuffisante, de coûts de financement élevés et de conditions d’emprunt restrictives a paralysé le secteur. Malgré une légère baisse des taux d’intérêt, le marché reste morose. Les faillites d’agences immobilières se multiplient, témoignant de la gravité de la situation, et même les grosses structures ne sont pas épargnées.

Les agences immobilières, premières victimes de la crise

La hausse vertigineuse des taux d’intérêt a asphyxié les agences immobilières. En moins de deux ans, les taux d’intérêt ont été multipliés par quatre. Or, l’inflation a déjà lourdement affecté le pouvoir d’achat des Français, sans compter que les prix des biens n’ont pas baissé autant qu’espéré. En conséquence, bon nombre d’entre eux ont renoncé à leur projet, ou attendant le retour de conditions plus favorables.

Pour les agences immobilières, la chute de l’activité s’est traduite par une véritable hécatombe. Selon une étude réalisée par Altares, elles sont 700 à avoir mis la clé sous la porte en seulement 6 mois, soit une hausse de 100 % sur un an. Le cabinet livre une autre conclusion inquiétante : même les grandes structures, qui avaient jusqu’alors résisté, ne sont plus à l’abri.

Les agences les plus anciennes, avec plus de 15 ans de présence, représentent plus d’un quart des défaillances (27 %), un taux quasi équivalent à celui des structures justifiant de 6 à 10 ans d’existence. En revanche, les jeunes agences ayant entre 3 et 5 ans sont deux fois moins touchées.

Selon Thierry Millon, directeur des études d’Altares,

Les agences de grande taille paient aujourd’hui le prix d’un excès de confiance. En misant sur un redressement rapide de la situation, ces dernières ont maintenu des effectifs trop importants, ce qui les a rendues vulnérables,

Analyse cet expert. Il estime qu’elles auraient dû réduire leurs équipes afin d’alléger des structures de coûts et éviter le dépôt de bilan.

L’ensemble de la filière bâtiment en difficulté

Bien que la propriété immobilière reste un idéal pour les Français, et la pierre une valeur sûre, cette crise sans précédent a considérablement refroidi les ardeurs des acquéreurs. Cet immobilisme a accéléré les faillites des agences, dont la rentabilité a été fortement dégradée, sans compter que l’instabilité politique a exacerbé leurs difficultés.

Tous attendent désormais les stratégies gouvernementales concernant les logements, notamment la construction neuve. Car l’ensemble de la filière souffre. Après avoir bénéficié d’un engouement sans précédent pendant la pandémie, les promoteurs et les constructeurs subissent une forte contraction de leurs activités.

D’après les chiffres d’Altares,

103 promoteurs ont fermé boutique (contre 56 à la même période en 2023), tandis que le nombre de constructeurs a augmenté de plus de 40 %. La Fédération du bâtiment prévoit la disparition de 150 000 emplois sur le secteur d’ici 2025, dont 25 000 suppressions se sont déjà concrétisées durant le 1er trimestre 2024.

Du côté des agents immobiliers, néanmoins, le cabinet estime que le rythme des défaillances va se calmer sur la seconde moitié de 2024, bien en deçà du pic historique de 2009 (1200 faillites).

Pour les professionnels qui redoutent de perdre leur CDI, le portage salarial immobilier se présente comme une solution intéressante pour poursuivre leur activité.

Cette forme d’emploi combine en effet une grande autonomie et une protection sociale solide. En signant un contrat de travail. Ils peuvent ainsi choisir leurs missions et gérer leur temps à leur convenance, tout en bénéficiant des mêmes droits que les salariés « classiques » en termes d’assurance maladie, de mutuelle, de cotisation, retraite, etc. La formule est ainsi idéale pour poursuivre dans son métier en attendant un éventuel poste fixe en entreprise.