Les aides à l’apprentissage, véritable levier pour l’emploi des jeunes et la formation professionnelle, vont connaître une diminution significative en 2025. Une décision gouvernementale du 30 décembre dernier qui suscite des réactions diverses, entre satisfaction prudente et vives inquiétudes.

 

Une dynamique de l’apprentissage en plein essor

Depuis leur mise en place, les aides à l’embauche d’apprentis ont contribué à une augmentation spectaculaire des contrats d’apprentissage en France. En 2023, leur nombre a dépassé le cap du million, favorisant l’insertion professionnelle des jeunes tout en répondant aux besoins en compétences des entreprises.

Cependant, le coût de ce dispositif pour les finances publiques s’est également envolé, passant de 10 milliards d’euros en 2018 à plus de 20 milliards en 2021, selon France Compétences. Face à cette charge budgétaire, le gouvernement a décidé de revoir ces aides à la baisse, une mesure qui entrera en vigueur dès janvier 2025.

 

Des montants revus à la baisse

Le nouveau dispositif prévoit une aide de 5 000 euros pour les PME et de 2 000 euros pour les grandes entreprises, soit une réduction par rapport aux 6 000 euros uniformes actuellement versés à toutes les entreprises. Les entreprises de plus de 250 salariés continueront à être soumises à des conditions spécifiques, notamment en matière de proportion d’alternants ou de contrats d’insertion professionnelle.

Selon le ministère du Travail, cette réforme vise à maintenir un soutien aux employeurs, tout en maîtrisant les dépenses publiques. La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a souligné l’importance de préserver ces aides pour tous les niveaux de qualification, afin de garantir que les entreprises puissent continuer à former les talents nécessaires à leur développement.

 

Une décision critiquée par les acteurs économiques

Cette réduction a suscité des réactions contrastées. Si certains saluent la continuité du soutien, d’autres regrettent une baisse susceptible de freiner la dynamique de l’apprentissage. L’Union des entreprises de proximité (U2P) a exprimé son mécontentement, dénonçant une mesure prise sans concertation préalable avec les partenaires sociaux. Elle demande au gouvernement de revenir sur cette décision, estimant qu’elle pourrait pénaliser les petites entreprises.

De son côté, le président du Medef, Patrick Martin, a mis en garde contre un « rabotage » qui pourrait compromettre les avancées obtenues dans le domaine de l’apprentissage. Il rappelle que l’apprentissage joue un rôle crucial pour répondre aux besoins en main-d’œuvre qualifiée à tous les niveaux.

 

Des critiques sur l’efficacité des aides

Outre les préoccupations budgétaires, le dispositif fait face à des critiques sur son efficacité réelle. Selon Bruno Coquet, économiste à l’OFCE, une partie des contrats d’apprentissage se substituerait à des emplois en CDD ou CDI. Il estime à 200 000 le nombre d’emplois concernés par ces effets de substitution.

De plus, les aides bénéficieraient davantage aux grandes entreprises, qui emploient des apprentis hautement qualifiés (Bac +4, Bac +5), au détriment des niveaux inférieurs de qualification. Cela pose la question de l’équité et de l’orientation des financements publics.

Pour atténuer les effets négatifs de cette baisse, des solutions complémentaires pourraient être envisagées, telles que :

  • Un accompagnement renforcé des petites entreprises, particulièrement vulnérables aux fluctuations des aides.
  • Une refonte des critères d’éligibilité, pour mieux cibler les contrats d’apprentissage à faible niveau de qualification.
  • Un suivi et une évaluation rigoureuse des impacts de cette réforme, afin d’ajuster les mesures si nécessaire.

Si la réduction des aides à l’apprentissage vise à garantir la pérennité budgétaire, elle ne doit pas compromettre les efforts entrepris pour démocratiser l’accès à l’apprentissage. Entre les attentes des entreprises et les impératifs économiques, un équilibre reste à trouver pour que l’apprentissage continue de jouer son rôle moteur dans l’emploi et la compétitivité des entreprises.