En 2024, les embauches ont connu une nette diminution, marquant un recul de 4 % par rapport à l’année précédente, selon un rapport de l’Urssaf. Cette tendance s’est particulièrement accentuée au quatrième trimestre, confirmant un climat économique marqué par l’incertitude et la fin des effets positifs des Jeux Olympiques. Décryptage.
Une baisse notable des recrutements au quatrième trimestre
Le quatrième trimestre 2024 s’est conclu par une baisse des déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) de 2,4 % par rapport au trimestre précédent. Ce recul est encore plus frappant si l’on compare avec la même période en 2023 : 5 % de recrutements en moins sur un an.
Sur l’ensemble de l’année, le marché de l’emploi a enregistré près de 400.000 embauches de moins qu’en 2023, soit une diminution de 4 %. Cette tendance confirme une dégradation progressive amorcée dès le deuxième trimestre de l’année.
Cependant, si l’on observe une perspective plus large, le niveau des embauches reste supérieur de 5,7 % à celui du quatrième trimestre 2019, avant la crise Covid, témoignant d’une résilience partielle du marché malgré les difficultés récentes.
L’effet JO : un rebond éphémère
Au troisième trimestre 2024, un « effet JO » avait stimulé certains secteurs, notamment le commerce, les arts, les activités récréatives et les services administratifs. Cette dynamique s’était traduite par une stabilisation des embauches, nourrissant l’espoir d’un redressement durable.
Cependant, cette embellie s’est avérée temporaire. Dès la fin des Jeux Olympiques, les secteurs qui avaient porté la hausse des recrutements ont contribué à leur baisse. Par exemple, le secteur du spectacle et des activités récréatives a connu une baisse de 8,4 % au quatrième trimestre tandis que le commerce et les arts ont accusé un recul de 5,9 % sur la même période.
Cette contraction reflète une perte de dynamisme dans les secteurs dépendant des événements ponctuels et saisonniers, confirmant la fragilité de la reprise observée à l’été.
Le recul des embauches en CDI : un signe d’incertitude
La baisse des recrutements concerne principalement les contrats à durée indéterminée (CDI), qui affichent un repli de 7,5 % sur un an. Les contrats à durée déterminée (CDD) de plus d’un mois, bien que moins touchés, enregistrent tout de même une baisse de 2,3 %.
La diminution des embauches en CDI illustre une montée des incertitudes économiques. Ce climat d’instabilité s’est intensifié après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, alimentant les craintes des entreprises face à une conjoncture économique volatile.
Une industrie en difficulté
Le secteur industriel a particulièrement souffert au dernier trimestre 2024. Après un léger rebond de 0,8 % au troisième trimestre, les embauches ont chuté de 4,2 % entre octobre et décembre. Sur un an, le recul atteint 8,4 %, une baisse alarmante pour ce secteur clé de l’économie.
Selon l’Insee, cette baisse est liée à une dégradation des perspectives de production, tombées à leur plus bas niveau depuis une décennie (hors crise sanitaire). Malgré tout, ces perspectives restent légèrement supérieures à celles d’avant la pandémie, témoignant d’un potentiel de reprise à moyen terme.
Les petites entreprises moins impactées
Tous secteurs confondus, les plus petites entreprises (moins de 20 salariés) semblent mieux résister à la diminution des recrutements. Avec une baisse limitée à -1,9 %, elles s’en sortent mieux que les entreprises de plus grande taille, où la baisse atteint -2,8 %.
Cette différence s’explique par une chute plus marquée des embauches en CDI et en CDD chez les entreprises de plus de 20 salariés, les grandes structures se montrent plus prudentes face à la conjoncture économique.
Quelles perspectives pour 2025 ?
Les chiffres de l’Urssaf confirment les prévisions pessimistes annoncées par France Travail (anciennement Pôle Emploi), qui avait anticipé un recul des projets de recrutements en 2024. La hausse attendue du chômage, dont le niveau définitif sera connu le 11 février 2025, pourrait aggraver les tensions sur le marché de l’emploi.
2024 a marqué un tournant dans le marché de l’emploi, avec une baisse notable des embauches, particulièrement dans les secteurs industriels et récréatifs. Si l’effet JO a temporairement atténué cette tendance, il n’a pas suffi à inverser durablement la courbe.
Les entreprises, fragilisées par un climat d’incertitude économique, se montrent plus prudentes, comme en témoigne la chute des embauches en CDI. Reste à savoir si les efforts des pouvoirs publics et une éventuelle reprise économique en 2025 permettront de redresser la barre et d’instaurer une dynamique plus favorable sur le marché de l’emploi.