La responsabilité sociétale et environnementale (RSE) est devenue bien plus qu’une simple tendance dans le monde de l’entreprise. Portée par des obligations légales accrues et une pression croissante des parties prenantes, elle s’impose désormais comme un pilier stratégique incontournable. Mais derrière cette dynamique se cache une réalité complexe : les entreprises peinent à trouver les talents qualifiés pour répondre à leurs ambitions. Tour d’horizon des profils en forte demande.
Les facteurs propulsant la RSE sur le devant de la scène
Avec l’entrée en vigueur de la directive européenne CSRD (corporate sustainability reporting directive) en janvier 2024, les entreprises de plus de 250 salariés devront publier leur bilan carbone dès 2025. Cette obligation s’ajoute à une intensification générale des normes environnementales en Europe. Ces changements législatifs imposent aux organisations de se tourner vers des experts capables de collecter, analyser et rapporter des données liées à leurs impacts environnementaux et sociaux.
Une demande croissante pour des compétences spécialisées
L’essor des métiers à impact
Le marché des emplois liés à la RSE connaît une croissance rapide. Selon le cabinet Birdeo, le besoin se concentre principalement dans trois domaines : la finance durable, la biodiversité, et l’analyse de données. Parmi les métiers les plus recherchés figurent :
- Chef de projet CSRD Performance Globale
- Chargé de mission biodiversité
- Analyste sustainability data & IA
Des expertises techniques en vogue
Les compétences liées au bilan carbone, à l’économie circulaire, au reporting extra-financier, ou encore à l’analyse de cycle de vie (ACV) sont particulièrement prisées. Ces spécialisations répondent aux exigences des entreprises cherchant à mieux intégrer la durabilité dans leur chaîne de valeur.
Une tension sur le marché de l’emploi RSE
Alors que la transition écologique pourrait créer 150 000 emplois d’ici à 2030, les recruteurs se disputent les talents disponibles. Le processus de recrutement s’allonge : des délais de quatre semaines atteignent désormais huit semaines dans certains cas. Les profils qualifiés, quant à eux, bénéficient d’une position de force. Nombre d’entre eux attendent plusieurs offres avant de faire leur choix.
Les salaires dans le secteur RSE témoignent d’ailleurs de cette tension. Un chef de projet CSRD avec moins de six ans d’expérience gagne entre 40 000 et 55 000 euros brut annuels tandis qu’un consultant RSE peut prétendre à un salaire allant jusqu’à 60 000 euros. Et dans le secteur financier, les rémunérations peuvent être jusqu’à 20 % supérieures à celles des autres industries.
Les attentes croissantes des jeunes diplômés
Des exigences alignées sur leurs valeurs
Les jeunes talents scrutent désormais les investissements RSE des entreprises, la position de la RSE dans l’organigramme, et l’engagement des dirigeants. Si ces critères ne sont pas alignés avec leurs valeurs, ils n’hésitent pas à refuser une offre, préférant une structure dont la vision globale résonne davantage avec leurs aspirations.
La lutte contre le greenwashing
La méfiance à l’égard des pratiques de greenwashing reste forte. Certains candidats choisissent un poste classique au sein d’une entreprise réellement engagée plutôt qu’un poste RSE dans une organisation perçue comme opportuniste. Cette évolution reflète une demande croissante de transparence et de cohérence.
Les secteurs les plus dynamiques en RSE
La finance durable, moteur d’innovation
Le secteur financier est à l’avant-garde des transformations liées à la RSE. Les institutions financières allouent des budgets conséquents à des initiatives environnementales et cherchent des profils experts en analyse de risques climatiques ou en gestion durable des portefeuilles.
La biodiversité au centre des préoccupations
Face aux crises environnementales, la gestion des ressources naturelles devient une priorité. Les entreprises investissent dans des projets de préservation et cherchent des professionnels capables de concilier performance économique et respect de la biodiversité.
L’analyse de données, un pilier stratégique
L’essor de la sustainability data & IA traduit le besoin d’outils innovants pour quantifier les impacts environnementaux. Les experts en analyse de données permettent aux entreprises de prendre des décisions basées sur des informations précises et mesurables.
Les défis persistants pour les entreprises
Pour séduire les meilleurs profils, les entreprises doivent repenser leur proposition de valeur. Cela inclut des rémunérations compétitives, une intégration visible de la RSE dans la gouvernance, et une feuille de route claire portée par les dirigeants.
Et face à une demande croissante, les entreprises devront également investir dans la formation de leurs collaborateurs actuels. Cela leur permettra de développer des talents en interne tout en renforçant leur compétitivité sur le marché.
D’ici 2030, le marché des emplois à impact positif continuera de se structurer autour d’une double dynamique : la professionnalisation accrue des métiers liés à la RSE et l’alignement croissant des entreprises avec les attentes des jeunes générations. Toutefois, pour garantir leur pérennité, les organisations devront répondre aux attentes toujours plus élevées des candidats et des régulateurs.