Dans un contexte où les entreprises rivalisent d’ingéniosité pour attirer les meilleurs talents, le recrutement reste souvent un exercice codifié, dominé par l’analyse des CV, les entretiens structurés et des critères de sélection rigides. Pourtant, ces méthodes traditionnelles peinent à répondre aux défis actuels du marché du travail. Face à ces enjeux, certaines initiatives disruptives émergent, bouleversant les pratiques établies. Parmi elles, l’open hiring, un concept révolutionnaire né aux États-Unis, qui propose de recruter sans CV, ni entretien, ni filtre préalable. Retour sur une approche audacieuse qui remet l’humain au cœur du processus d’embauche.

 

Qu’est-ce que l’open hiring ? Définition et fonctionnement

L’open hiring se distingue radicalement des processus de recrutement traditionnels. Ici, aucun CV, aucun entretien, ni même de vérification des antécédents. Seuls les critères objectifs et directement liés aux exigences du poste sont pris en compte. Peu importe l’âge, l’expérience ou les diplômes : tous les candidats sont sur un pied d’égalité.

Dans cette optique, la première personne inscrite sur la liste d’attente se voit attribuer le poste dès qu’une opportunité se présente. Cette méthode élimine donc les biais inconscients souvent présents dans les processus classiques, comme l’évaluation de l’aisance orale ou l’apparence, qui ne sont pas toujours représentatifs des compétences nécessaires pour le poste.

 

Un gain de temps pour les recruteurs

L’un des avantages majeurs de l’open hiring réside dans la simplicité et la rapidité du processus. Par exemple, The Body Shop, qui a adopté cette méthode au Royaume-Uni, a constaté une réduction de 20 à 50 % du temps consacré au recrutement. Sans sourcing, préqualification ou entretiens, les ressources humaines peuvent se concentrer sur d’autres aspects stratégiques.

Cependant, cette rapidité s’accompagne de nouvelles responsabilités : la formation et l’intégration des nouveaux employés deviennent des étapes déterminantes pour assurer la réussite de cette approche.

 

Open hiring : Une méthode inclusive et éthique

L’open hiring n’est pas seulement un moyen de simplifier le recrutement, c’est aussi une démarche profondément inclusive. En éliminant les barrières traditionnelles, cette méthode ouvre la porte à des profils souvent marginalisés ou discriminés dans le cadre des recrutements classiques.

 

Une chance pour les profils atypiques

Les anciens détenus, les personnes en situation de handicap, les candidats en réinsertion ou en reconversion professionnelle trouvent dans l’open hiring une véritable opportunité d’intégration sur le marché du travail. Des entreprises comme Greyston Bakery ont démontré qu’avec le bon accompagnement, ces profils peuvent non seulement s’intégrer mais aussi exceller.

 

Un écosystème d’accompagnement essentiel

Pour que cette méthode soit efficace, elle doit s’inscrire dans un écosystème d’accompagnement structuré. En France, certaines entreprises collaborent déjà avec des organismes comme France Travail, Emmaüs, ou encore Wake Up Café pour assurer un suivi adapté aux nouvelles recrues. Ce soutien est essentiel pour maximiser les chances de succès de ces salariés.

 

L’open hiring est-il adapté à toutes les entreprises ?

Si l’open hiring séduit par sa simplicité et son potentiel inclusif, il n’est pas nécessairement adapté à toutes les organisations ni à tous les types de postes.

 

La nature des postes à pourvoir

L’open hiring est particulièrement efficace pour des postes de premier échelon où les compétences peuvent être acquises sur le terrain, tels que des emplois dans la logistique, l’entretien ou la production. Cependant, cette méthode peut également s’appliquer à des fonctions techniques ou support, à condition que l’entreprise dispose de programmes de formation structurés et d’outils internes bien définis.

 

Un formulaire de candidature simplifié mais précis

Contrairement aux candidatures classiques, le processus d’open hiring repose sur un formulaire simplifié qui se concentre uniquement sur les critères indispensables. Aux Pays-Bas, cette pratique se généralise avec des formulaires réduits au strict minimum : description des missions, horaires et lieu de travail. L’offre d’emploi doit être claire et précise, permettant au candidat d’évaluer objectivement sa capacité à remplir les tâches demandées.

 

Une formation rigoureuse et structurée

L’intégration est un élément clé dans l’open hiring. Sans prérequis exigés, la formation devient essentielle pour garantir que les nouvelles recrues puissent rapidement monter en compétences. Cela implique un processus d’onboarding approfondi et un engagement fort des managers, qui doivent être formés et convaincus du bien-fondé de cette approche pour en assurer le succès.

 

L’open hiring : un levier de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE)

Loin d’être une simple tactique de recrutement, l’open hiring s’inscrit dans une démarche RSE globale. Les entreprises qui réussissent à pérenniser cette méthode sont celles qui l’intègrent dans une politique plus large d’inclusion, de diversité et d’équité.

 

Un engagement au-delà du recrutement

Pour que l’open hiring soit réellement efficace, il doit être accompagné de :

  • Programmes d’accompagnement pour soutenir les nouvelles recrues dans leur parcours ;
  • Partenariats avec des associations locales pour élargir l’impact social ;
  • Indicateurs de suivi pour mesurer les résultats en termes d’intégration et de performance.

Sans cette structuration, l’initiative risque de perdre en efficacité et en pertinence à long terme.

Open hiring : recruter sans CV, mais pas sans exigence

L’open hiring ne se contente pas de simplifier le recrutement : il réinvente les règles du jeu en mettant l’accent sur la motivation et la capacité d’apprentissage plutôt que sur l’expérience passée.

Cependant, l’open hiring n’est pas une solution universelle. Il exige une préparation minutieuse, un engagement fort des équipes et une stratégie RSE cohérente pour porter ses fruits. Avec l’évolution des attentes sociétales et des défis du marché du travail, cette approche soulève une question essentielle : faut-il choisir le meilleur candidat sur papier, ou celui qui, avec le bon accompagnement, s’avérera tout aussi performant ?