Les Français sont de plus en plus nombreux à se lancer dans une reconversion professionnelle. Une majorité rêve de changer de job et près de 3 personnes sur 10 auraient déjà franchi le pas. Les motivations qui poussent à changer de métier sont multiples. Voici quelques règles à suivre pour ouvrir prendre un autre tournant dans sa carrière avec succès.
Pour quelles raisons changer de métier ?
Les raisons de vouloir changer de métier peuvent être très diverses.
- Difficultés à retrouver un emploi dans son secteur d’activité,
- Inaptitude physique consécutive à une maladie, à un accident ou due à l’âge,
- Faibles perspectives d’évolution,
- Lassitude, ennui dans un emploi maîtrisé et exercé depuis longtemps,
- Changement d’environnement de travail,
- Découverte d’une nouvelle fonction ou d’un nouveau secteur,
- Mise en valeur de ses compétences et son potentiel via une promotion ou un poste plus stimulant,
- Enrichissement de son profil par l’acquisition de compétences supplémentaires et la multiplication d’expériences,
- Désir d’indépendance, de s’affranchir du poids de la hiérarchie, de choisir les clients et les projets, d’organiser librement son emploi du temps, de travailler hors des bureaux d’une entreprise,
- Rémunération plus attractive,
- Recherche d’une meilleure qualité de vie : recherche d’un meilleur équilibre entre vies professionnelle et privée, réduire drastiquement les temps de déplacement, voire passer en télétravail total ou partiel, vivre dans un cadre différent (à la campagne, dans une autre région ou même à l’étranger),
- Recherche de conditions de travail moins stressantes : management toxique, horaires ou charge de travail trop lourde, objectifs inatteignables,
- Envie d’un métier qui « a du sens », qui donne la sensation d’être utile et suscite l’engagement,
- Vivre d’une passion,
- Recherche d’une entreprise ou d’un métier en accord avec ses valeurs,
- Réalisation d’un projet entrepreneurial.
Cette liste n’est pas exhaustive, à chacun de déterminer ses raisons.
Comment changer de métier ?
Changer de métier ne s’improvise pas. Plusieurs étapes sont nécessaires pour réussir sa reconversion professionnelle.
Réaliser un bilan de compétences
Ce diagnostic est indispensable pour faire le point et trouver plus facilement le statut ou le domaine qui permet au travailleur de s’épanouir.
Le bilan de compétences peut être financé par certains organismes paritaires au titre du congé individuel de formation (OPACIF) et ne nécessite pas d’informer son employeur ou d’obtenir son aval, s’il est effectué en dehors du temps de travail.
Grâce à l’expertise et au regard extérieur du conseiller, le bilan est l’occasion de mettre à plat :
- ses compétences et aptitudes personnelles,
- ses qualités,
- ses objectifs de carrière,
- ses motivations,
- ses passions,
- son rapport aux autres et au travail, etc.
Un bilan de compétences se déroule en trois grandes étapes :
- L’entretien préliminaire : présentation des objectifs et du déroulement du bilan,
- La phase d’investigation : plusieurs entretiens, tests et mise en situation pour évaluer ses compétences, ses connaissances, ses aspirations professionnelles,
- La synthèse : présentation des conclusions du bilan et de pistes de reconversion.
Choisir son orientation
Le test d’orientation suit le bilan de compétences en aiguillant le professionnel vers les métiers ou secteurs les plus susceptibles de lui convenir. Il s’agit de recommandations purement théoriques pour ceux qui n’ont pas d’idée précise de leur futur métier. Il est recommandé de ne pas se limiter à son parcours de formation initiale et à son activité actuelle, mais tenir compte de ses centres d’intérêt, car un loisir ou une passion peut devenir sa future profession. Doivent également être intégrées à l’équation ses valeurs, aspirations, contraintes familiales…
Il est par conséquent recommandé de passer plusieurs tests : d’orientation, de personnalité, d’aptitudes, etc. Ceux-ci peuvent se faire en ligne ou auprès d’entités spécialisées (dans le recrutement notamment) qui assurent une interprétation affinée des résultats.
Établir un plan d’action
Pour avoir un cap à suivre, il est nécessaire d’établir une stratégie de mise en œuvre de son projet de reconversion avec un planning. Associer une date ou un délai réaliste à chaque étape évite de procrastiner, permet de mesurer le chemin parcouru et motive à déployer les efforts nécessaires. Il s’agit également d’un moyen d’anticiper les obstacles.
Avoir un plan d’action permet de « se booster » et de mettre au clair les ressources et dépenses à prévoir, ou les contraintes à accepter.
Définir un parcours de formation
Sur la base des réponses au bilan de compétences, le travailleur peut définir un parcours de formation qui lui ouvrira la voie vers le métier souhaité. Pôle emploi propose une Prestation d’Orientation professionnelle spécialisée (POPS) sous deux formes :
L’évaluation des compétences et capacités professionnelles (ECCP) consiste à évaluer les écarts entre les exigences des entreprises ou du métier et le profil du candidat.
L’atelier « Construire mon projet de formation » fournit un accompagnement au début de la démarche.
Trouver la formation professionnelle adaptée
Il faut maintenant faire le tour des organismes présents dans la ville ou la région et faire le tri parmi leurs offres. Il existe des plateformes spécialisées de notation des formations pour avoir une idée de la réputation d’un établissement et de la qualité de ses prestations. Les réseaux sociaux permettent également d’obtenir les retours d’expérience d’anciens apprenants.
Bien entendu, la consultation des détails de chaque formation est indispensable pour vérifier son adéquation avec les besoins du professionnel en reconversion en termes de contenu, de durée, d’organisation (présentiel ou distanciel), de coût.
Faire financer la formation
La question du financement est souvent considérée comme un frein. Pourtant, il existe un large éventail de dispositifs en fonction de son statut et de ses besoins.
Pour les salariés :
- Le compte personnel de formation (CPF) ou le CPF de transition professionnelle.
- L’abondement du CPF par l’employeur.
- La FNE-Formation.
Pour les fonctionnaires :
- La demande de mobilité dans la fonction publique.
- Le congé professionnel de formation.
- Le CPF (Compte Personnel de Formation).
Pour les demandeurs d’emploi :
- Le CPF et l’abondement par Pôle Emploi.
- L’AIF (Aide Individuelle à la formation).
- Le dispositif Activ’Projet.
- Les aides des collectivités dédiées aux porteurs de projet : aides à l’embauche, aides matérielle et financière à l’installation, mise à disposition de locaux, conseils et accompagnement par des experts…
Les conditions d’accès et modalités de ces aides sont très variées. Le conseiller Pôle Emploi, ou à défaut le conseiller de chaque organisme choisi, est en mesure de renseigner les actifs en reconversion. Certaines régions centralisent les ressources des CCI et du Conseil régional, des pépinières d’entreprises, etc. afin de simplifier les démarches des demandeurs.
Analyser le marché de l’emploi
Même s’il est important de choisir une profession en phase avec ses aspirations, il ne s’agit pas de se tourner vers un domaine sans débouchés ou en déclin. L’objectif est de trouver un bon compromis entre ses attentes et celles des entreprises. Un état des lieux du marché de l’emploi s’impose par conséquent, pour identifier :
- les secteurs dynamiques et qui recrutent, la concurrence, les débouchés,
- les métiers tendance et ceux sous tension,
- les métiers à fort potentiel d’évolution à court ou moyen terme,
- les zones géographiques où l’offre existe,
- la situation commerciale et financière des entreprises ciblées.
Les sources d’informations les plus complètes et les plus fiables sont :
- les sites internet des Chambres de Commerce et d’Industrie et des Conseils régionaux,
- les observatoires régionaux de l’emploi et de la formation
- Pôle Emploi,
- le rapport d’enquête de Pôle emploi concernant les besoins en main-d’œuvre (BMO).
Où s’adresser pour changer de métier ?
Différentes entités accompagnent les professionnels dans leur changement de métier :
L’entreprise
Pour se lancer dans une formation professionnelle, le salarié a intérêt à se tourner en priorité vers son employeur. En effet, si les compétences que ce dernier souhaite acquérir peuvent lui être bénéfiques, l’entreprise peut intégrer la formation dans son plan et dans son budget afin de la financer. Le collaborateur peut notamment profiter de son entretien annuel pour faire part de son souhait d’évoluer professionnellement à son supérieur direct.
Par ailleurs, s’il envisage de prendre un Congé Individuel de Formation (CIF), l’accord de son patron pour son absence est indispensable. En revanche, si la formation a lieu en dehors de ses horaires de travail habituels, l’autorisation de la direction n’est pas requise.
Un organisme paritaire collecteur agréé : les OPCA
L’OPCA de l’entreprise répond à toutes les questions d’un salarié désireux de se lancer dans une reconversion professionnelle, en particulier si celle-ci nécessite une formation hors du temps de travail. Cet organisme chargé du financement des salariés confirme l’éligibilité éventuelle d’une formation au Compte Personnel de Formation.
Pôle Emploi
C’est l’interlocuteur incontournable des demandeurs d’emploi en reconversion dûment inscrit sur ses listes. Ses conseillers guident ces personnes dans leur réflexion et leurs démarches et les orientent notamment dans la définition de leurs besoins en formation et les solutions de financement.
Les organismes de formation
Les actifs qui ont déjà une idée de la formation qu’ils souhaitent suivre peuvent s’adresser directement à l’organisme qui la dispense. Le portail MaFormation.fr recense tous les centres disponibles à travers le territoire afin de faciliter les recherches de chacun. Les secteurs d’activité couverts par l’offre de ces établissements sont nombreux. Les cursus peuvent être sanctionnés par un certificat ou un diplôme. Beaucoup sont spécialement conçus pour les personnes en reconversion ayant une activité professionnelle en parallèle, à temps partiel, en cours du soir ou en alternance.
Les principaux organismes assurant la formation professionnelle des salariés et demandeurs d’emploi en France sont :
- L’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA),
- Le réseau public GRETA,
- Le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM),
- L’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph),
- Les Centres de Formation des Apprentis (CFA).
Quelques conseils pour réussir le changement de métier
Changer de métier avec succès passe par une réflexion personnelle approfondie, mais aussi par une préparation sérieuse d’une dimension plus psychologique que technique. Voici quelques conseils essentiels :
Définir les raisons de ses envies d’ailleurs
Changer de métier est un processus long aux multiples implications (déménagement, nouveau rythme, nouvel environnement, impact sur les revenus…). Il est donc crucial d’avoir une raison personnelle bien légitime d’apporter ainsi un tel bouleversement à son existence.
Se libérer de ses freins psychologiques
De nombreuses personnes croient que la reconversion professionnelle est réservée aux jeunes ou aux cadres expérimentés qui peuvent se mettre à leur compte. La réalité est qu’à tout âge, des possibilités existent pour avoir une vie professionnelle plus conforme à ses attentes. Concernant le niveau de qualification en particulier, les études académiques initiales ne doivent pas déterminer l’ensemble de la carrière. L’offre de formation professionnelle pour adultes en poste ou en demande d’emploi est aujourd’hui suffisamment riche pour que chacun puisse se donner les moyens de ses ambitions. D’ailleurs, les entreprises apprécient les personnes qui montrent leur envie d’évoluer et une bonne capacité d’adaptation.
Confronter ses idées à la réalité
L’analyse théorique du marché est indispensable, mais rien ne vaut une connaissance des réalités du terrain pour éviter toute désillusion dès les débuts. Il est donc important de rencontrer des professionnels issus des métiers envisagés. Ce sont les mieux placés pour évoquer par exemple les horaires, les difficultés, les défis à relever au quotidien, mais aussi les côtés agréables, autant d’éléments qui ne figurent pas sur les fiches métiers. Confronter plusieurs points de vue est impératif pour se lancer en connaissance de cause.
Préparer la présentation du projet
Une reconversion professionnelle implique de rencontrer divers interlocuteurs pour parler de son projet, décrocher un poste, obtenir une aide technique ou un financement, etc. Ces tiers doivent comprendre les raisons de la démarche et être certains de son bien-fondé. Il est donc nécessaire de préparer son argumentation en vue de ces entretiens.
Le marketing personnel doit commencer par une refonte de son curriculum vitæ (CV) afin de mettre en avant son parcours, ses compétences actuelles, ses formations, son expérience. Le but est de valoriser ses points forts afin de justifier que l’évolution de carrière souhaitée est cohérente et réaliste.
Ces aspects doivent également être développés dans une lettre de motivation, puis dans un discours à présenter oralement. Les futurs recruteurs, les banquiers et investisseurs, les réseaux d’accompagnement d’entrepreneurs… doivent saisir le cheminement du candidat, le lien entre ses missions précédentes, son futur domaine ou statut, le savoir-faire à acquérir, mais surtout ressentir sa conviction.
Ce dernier doit donc être en mesure de s’exprimer avec passion et détermination pour démontrer que son choix est mûrement réfléchi et qu’il a la motivation et les qualifications nécessaires pour apprendre et s’approprier un nouveau métier.
Changer de métier grâce au portage salarial
En portage salarial il est possible de changer de métier ou de tester son projet entrepreneurial. En effet, le portage salarial est une excellente alternative pour les personnes qui souhaite changer de métier ou tester un métier en tant que consultant indépendant avant de créer sa structure. Cette alternative permet également de conserver les avantages du salariat pour apporter sécurité et sérénité dans ce nouveau projet professionnel.